Copenhague se réinvente face à l'eau, son ennemi numéro un

11:3512/12/2024, jeudi
AFP
Le parc de Karens Minde, à Copenhague.
Crédit Photo : Wikipédia /
Le parc de Karens Minde, à Copenhague.

La mer, les nappes phréatiques, les pluies : menacée par l'eau de toutes parts, Copenhague a entrepris de s'adapter aux dérèglements climatiques et travaille à se prémunir des inondations, une gageure pour une ville redoutablement submersible qui prend forme à travers plus de 300 projets.

Le parc de Karens Minde est l'un d'entre eux. Ancien terre-plein semi-marécageux boudé par les riverains, il a été rénové et transformé en zone de gestion des eaux de pluie.

Car pour la capitale danoise, construite sur le littoral de l'Øresund, la plus grande menace, c'est l'eau.


La ville pourrait être submergée aussi bien par l'eau de pluie -- l'institut météorologique local prévoit une augmentation des précipitations de 30 à 70% à l'horizon 2100 -- que par la montée des eaux de mer -- 42 cm en moyenne d'ici la fin du siècle -- et celle des nappes phréatiques.


"Tout Copenhague est, d'une certaine manière, en négociation avec le cycle de l'eau, parce qu'il s'agit d'une zone humide qui a été drainée",
résume Anna Aslaug Lund, maître de conférence en architecture à l'Université de Copenhague. 

Au parc de Karens Minde, seul un oeil avisé peut deviner la spécificité du lieu. 


Au détour d'un chemin en pierres se trouvent trois bouches de canalisation: c'est par là qu'arrive la pluie collectée dans le voisinage, elle s'écoule ensuite jusqu'à un lac artificiel, à quelques centaines de mètres de là.


L'eau
 "va être traitée à travers la zone d'écoulement, ensuite, nous pourrons la stocker et enfin, nous la rejetterons dans le port", d
écrit Ditte Reinholdt Jensen, porte-parole d'Hofor, fournisseur d'eau et d'électricité de la capitale danoise, qui a conçu le parc avec les services municipaux.

Autour du lac artificiel, la nature s'épanouit.


Effets vertueux


"L'objectif est de créer des synergies entre la gestion des eaux pluviales, d'une part, et toutes les autres avantages que nous souhaitons apporter à la ville, d'autre part",
explique Mme Aslaug Lund.

Les ambitions ne manquent pas.


"Améliorer la biodiversité, lutter contre les îlots de chaleur, le réchauffement de la ville, offrir aux citoyens un lieu de rencontre, un espace vert où se réunir",
énumère Jan Rasmussen, l'un des responsables de l'adaptation climatique de Copenhague.

La ville a commencé son travail en 2008 en identifiant ses fragilités, en premier lieu les inondations.


"Le plus grand défi, c'est que nous n'avons pas de manuel, pas de méthode à suivre pour faire ça",
admet M. Rasmussen. 

Selon les quartiers, les solutions diffèrent. 


"Autoroutes" de la pluie


En plus d'une décennie, la topographie de la capitale, qui compte 650.000 habitants intra-muros, a été largement modifiée et pas seulement en surface.


Après les pluies diluviennes du 2 juillet 2011 -- 135,4 mm en deux heures causant des dommages de plus d'un million d'euros --, la ville a entrepris de développer un réseau de tunnels. 


Ceux-ci agissent comme des
"autoroutes"
souterraines de la pluie, dans les quartiers où l'urbanisation ne permet pas de gestion directe de l'eau.

"Quand nous manquons d'espace, nous utilisons de tuyaux pour répartir l'eau hors de la ville",
dit M. Rasmussen.

Certains projets, comme la construction d'une île artificielle envisagée notamment comme une digue contre la montée des eaux, sont très controversés. 

Mais le dynamisme de la ville en matière d'adaptation est généralement salué. 


"Au moins les initiatives sont là, ils essaient vraiment",
note la chercheuse Isabel Froes, maitre de conférence à la Copenhagen Business school qui salue la collaboration
"avec les chercheurs et le public pour sensibiliser la population au développement de la ville".

Un fil directeur pour les prochains projets de construction à l'heure où la population grandit - et vieillit - est de ne pas construire dans les nombreuses cuvettes de la cité.


Le modèle de Copenhague présente une particularité, relève Mme Froes: il est bâti sur la confiance.


"J'appelle le Danemark un pays prototype",
appuie-t-elle.
"C'est un endroit idéal pour tester de nouvelles mesures, pour impliquer les citoyens autour d'elles, et aussi parce que c'est une société de confiance". 

À lire également :






#Danemark
#eau
#environnement
#parcs écologiques