Le Panama alerte l'ONU des menaces de Trump sur le canal

16:2822/01/2025, mercredi
AFP
L'écluse de Miraflores du canal de Panama est photographiée à Panama City, le 23 décembre 2024.
Crédit Photo : ARNULFO FRANCO / AFP
L'écluse de Miraflores du canal de Panama est photographiée à Panama City, le 23 décembre 2024.

Le gouvernement panaméen a exprimé mardi devant le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres sa préoccupation face à l'intention affichée du président américain Donald Trump de s'emparer du canal de Panama.

Dans une lettre envoyée à M. Guterres, la mission du Panama auprès de l'ONU a estimé que les déclarations de M. Trump
"sont préoccupantes",
rappelant un article de la Charte de l'ONU interdisant à tout membre
"la menace ou l'usage de la force"
contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique d'un autre membre.

"Nous sollicitons vos bons offices pour transmettre cette communication aux 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies"
, dont le Panama est membre depuis le 1er janvier, souligne la lettre, distribuée à la presse par le gouvernement panaméen. 

Dans son discours d'investiture lundi, Donald Trump a réitéré sa menace de
"reprendre"
le contrôle du canal de Panama, voie navigable entre l'Atlantique et le Pacifique construite par les Etats-Unis, inaugurée en 1914 et transférée au Panama en 1999.

Affirmant que les navires américains étaient
"gravement surtaxés",
il a déclaré:

Nous avons été très maltraités par ce cadeau insensé qui n'aurait jamais dû être fait. La promesse que nous avait faite le Panama n'a pas été tenue.

"Et surtout, la Chine exploite le canal de Panama, et nous ne l'avons pas donné à la Chine, nous l'avons donné au Panama. Et nous allons le reprendre"
, a-t-il asséné, sans préciser comment.

Le président panaméen Jose Raul Mulino a répliqué mercredi, lors d'une table ronde au Forum économique mondial de Davos en Suisse:


Nous rejetons dans son entièreté tout ce que M. Trump a dit.

"D'abord parce que c'est faux, et ensuite parce que le canal de Panama appartient au Panama et continuera d'appartenir au Panama. Le canal de Panama n'a pas été une concession ou un cadeau des États-Unis".

Selon lui, son pays
"ne se laisse pas distraire par ce genre de déclarations". "On ne peut pas contourner purement et simplement le droit international pour imposer ses critères"
, a estimé M. Mulino, jugeant la position de M. Trump
"mal informée".

Par le passé, le président panaméen a déjà nié toute ingérence d'un autre pays dans le fonctionnement du canal, qui selon lui est opéré selon un principe de neutralité.


Interrogée par une journaliste à l'issue de la table ronde sur le risque de voir les Etats-Unis envahir le Panama le président a répondu en anglais à deux reprises, et visiblement agacé:
"Soyez sérieuse!"

De son côté, interrogé sur le dossier, le ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé mercredi n'avoir
"jamais interféré"
dans les affaires liées au canal du Panama.

"La Chine n'a pas participé à la gestion et à l'exploitation du canal, elle n'a jamais interféré dans les affaires liées au canal et respecte la souveraineté du Panama sur celui-ci, reconnaissant le canal comme une voie de navigation internationale de neutralité permanente"
, a déclaré lors d'une conférence de presse régulière Mao Ning, une porte-parole de la diplomatie chinoise. Et de poursuivre:

La souveraineté et l'indépendance du Panama ne sont pas sujettes à négociation, et le canal ne doit être soumis à aucun contrôle direct ou indirect de grandes puissances.

Les autorités panaméennes ont par ailleurs annoncé le lancement d'un
"audit exhaustif"
pour
"s'assurer de l'efficacité et la transparence dans l'utilisation de fonds publics"
par la société Panama Ports Company, dont la concession a été prolongée de 25 ans en 2021.

40% du trafic de containers américains passent par le canal, et les Etats-Unis en sont le principal usager, suivis par la Chine.


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