COP29: l'Azerbaïdjan pétrolier affecte une image verte

La rédaction
19:115/02/2024, lundi
AFP
Le ministre de l'Écologie et des Ressources naturelles de l'Azerbaïdjan et président de la COP29, Mukhtar Babayev, lors d'une session plénière à la COP28, à Dubaï, le 9 décembre 2023.
Crédit Photo : UN CLIMATE CHANGE / AFP
Le ministre de l'Écologie et des Ressources naturelles de l'Azerbaïdjan et président de la COP29, Mukhtar Babayev, lors d'une session plénière à la COP28, à Dubaï, le 9 décembre 2023.

Une grand-messe du climat au milieu des champs de pétrole. Le choix de l'Azerbaïdjan pour accueillir la COP29 est un pari risqué.

Ces dernières années, ce pays du Caucase débordant d'hydrocarbures a organisé de nombreux événements internationaux, de matches de l'Euro 2020 à un Grand Prix de Formule 1, en passant par l'Eurovision 2012 et acheté des plages de pub dans des grands médias internationaux pour se présenter sous son plus beau jour.


Autant d'éléments qui permettent d'affirmer que l'Azerbaïdjan se soucie réellement de son image internationale, de son prestige, et qu'il est prêt à organiser de grands événements à ces fins.


Un Etat clé, "centre du monde" éphémère


En accueillant des événements prestigieux, Bakou veut montrer avant tout qu'il est un Etat clé dans la région, où la Türkiye, la Russie et l'Iran sont les puissances traditionnelles.


En décembre, Ilham Aliev disait à ce titre voir dans l'attribution de la COP29 la preuve de l'
"immense confiance et du profond respect"
de la communauté internationale envers son pays, affirmant même que
"Bakou va être le centre du monde pendant deux semaines".

Cependant, depuis son attribution de la COP29, l'ancienne république soviétique est déjà au centre de certains projecteurs. Et cela n'est pas toujours à son avantage.


En effet, l'industrie des hydrocarbures est reine en Azerbaïdjan. Chaque jour, ce sont des centaines de milliers de barils de pétrole y sont traités. Le pays exporte également des milliards de mètres cube de gaz par an.


Bakou compte d'ailleurs doubler ses exportations vers l'Europe, qui veut se détourner du gaz russe, d'ici 2027.


Ainsi, l'Azerbaïdjan reste
"extrêmement dépendant de la production de pétrole et de gaz"
, qui représente 92% de ses revenus d'exportation, selon un rapport du département d'Etat américain pour 2023. 

Pas très vert donc et de quoi indigner les militants de l'environnement, surtout après une édition 2023 accordée aux Emirats arabes unis, un autre géant pétrolier. D'autant que la présidence de la conférence a été confiée à Mukhtar Babayev, un ancien de la compagnie pétrolière Socar.


"Il y a un conflit d'intérêt, pour la deuxième année d'affilée, qui est majeur",
regrette Romain Ioualalen, de l'ONG Oil Change International.

Pari risqué ?


Le militant écologiste pense qu'organiser la COP29 est un
"pari risqué"
qui pourrait se retourner contre Bakou. Le pays est en effet
"attendu au tournant"
sur sa politique climatique cette année.

"L'Azerbaïdjan a des plans d'expansion, en particulier de la production de gaz, qui ne sont pas du tout compatibles avec l'accord de Paris, qu'il doit mettre en oeuvre en tant que président de la COP",
reprend Romain Ioualalen.

Au-delà des considérations environnementales, les ONG souhaitent voir imposés des critères pour les pays organisateurs d'une COP.

A Bakou, capitale de l'or noir de la Caspienne depuis l'Antiquité, elles espèrent se faire entendre devant la communauté internationale.


À lire également:




#COP29
#Azerbaïdjan
#Bakou
#Ilham Aliyev