Bangladesh: la justice se prononce sur les quotas d'emplois à l'origine des violences

14:2721/07/2024, dimanche
AFP
Des soldats bangladais patrouillant dans les rues pour disperser les manifestants contre les quotas à Dhaka, le 20 juillet 2024.
Crédit Photo : Munir UZ ZAMAN / AFP
Des soldats bangladais patrouillant dans les rues pour disperser les manifestants contre les quotas à Dhaka, le 20 juillet 2024.

La plus haute juridiction du Bangladesh doit se prononcer dimanche sur l'avenir des règles de recrutement dans la fonction publique qui ont déclenché des affrontements à l'échelle nationale entre étudiants et forces de l'ordre, faisant 133 morts.

Ce qui a commencé comme une protestation contre des quotas d'admission pour des emplois gouvernementaux très prisés profitant, selon les manifestants, au pouvoir en place, a conduit cette semaine aux pires violences sous le mandat de la Première ministre Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 15 ans.


Des soldats patrouillent dans plusieurs villes du Bangladesh et une coupure d'Internet à l'échelle nationale limite considérablement depuis jeudi le flux d'informations vers le monde extérieur.


La Cour suprême doit se réunir dimanche pour rendre une décision sur l'abolition ou non des quotas d'emploi à l'origine des violences.

Mme Hasina, dont le gouvernement est accusé par ses opposants de faire plier le pouvoir judiciaire, a laissé entendre, en début de semaine, que le système auquel s'opposent les manifestants serait supprimé.


Mais après la répression croissante de ces derniers jours et l'augmentation du nombre de morts, il n'est pas certain qu'une décision favorable apaise la colère de la population.


"Il ne s'agit plus des droits des étudiants",
déclare Hasibul Sheikh, 24 ans, propriétaire d'une entreprise, sur les lieux d'une manifestation organisée samedi dans la capitale Dacca malgré le couvre-feu instauré dans tout le pays.

Notre demande porte sur un seul point, à savoir la démission du gouvernement.

Les manifestations, quasi quotidiennes depuis début juillet, visent à obtenir la fin des quotas d'embauche dans la fonction publique qui permettent de réserver plus de la moitié des postes à des groupes spécifiques, notamment aux fils et filles des anciens combattants de la guerre de libération du Bangladesh contre le Pakistan en 1971. 


Beaucoup assurent que le programme bénéficie aux enfants issus des cercles soutenant Mme Hasina, 76 ans, qui dirige son pays depuis 2009 et a remporté sa quatrième élection consécutive en janvier après un vote largement joué d'avance


Son gouvernement est accusé par les défenseurs des droits de l'homme d'user abusivement des institutions de l'Etat pour asseoir son emprise et éradiquer la dissidence, en particulier par l'assassinat extrajudiciaire d'opposants.


Crise de l'emploi


Le Bangladesh n'étant pas en mesure d'offrir des possibilités d'emploi adéquates à ses 170 millions d'habitants, le système de quotas est une source importante de ressentiment parmi les jeunes diplômés confrontés à une grave crise.


Mme Hasina a attisé les tensions ce mois-ci en comparant les manifestants aux Bangladais qui avaient collaboré avec le Pakistan pendant la guerre d'indépendance du pays.


"Plutôt que d'essayer de répondre aux griefs des manifestants, les actions du gouvernement ont aggravé la situation",
a relevé Pierre Prakash, directeur du Crisis Group pour l'Asie.

La Première ministre bangladaise devait quitter le pays dimanche pour une tournée diplomatique en Espagne et au Brésil, mais elle a renoncé à son projet en raison des violences en cours.


Depuis mardi, au moins 133 personnes, dont plusieurs policiers, ont été tuées dans des affrontements à travers le pays, selon un décompte réalisé à partir de données de sources policières et hospitalières.


Le département d'Etat américain a déconseillé samedi aux Américains de se rendre au Bangladesh et a annoncé qu'il commencerait à rapatrier certains diplomates et leurs familles.


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