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Bangladesh: Au Moins 9 morts dans des contestations étudiantes

La contestation étudiante ne faiblit pas au Bangladesh, où un appel à une grève générale a été largement suivi jeudi dans la capitale Dacca, précédant de nouvelles manifestations et affrontements à travers le pays, ayant causé au moins neuf décès en trois jours.

15:44 - 18/07/2024 jeudi
AFP
Les manifestants anti-quota affrontent la police à Dhaka le 18 juillet 2024.
Crédit Photo : MUNIR UZ ZAMAN / AFP
Les manifestants anti-quota affrontent la police à Dhaka le 18 juillet 2024.
Les étudiants réclament l'abolition des quotas réservant 30% des emplois dans la fonction publique aux enfants des combattants pour l'indépendance en 1971, un système qu'ils estiment détourné au profit des partisans du pouvoir.

Le mouvement de protestation, débuté le 1er juillet par le blocage des principales voies routières et ferroviaires, a dégénéré en affrontements meurtriers opposant d'un côté les étudiants et de l'autre les forces de l'ordre et les partisans du gouvernement.


Mercredi, après une nouvelle journée de manifestations ayant entraîné six décès, la Première ministre Sheikh Hasina a promis de rendre justice aux victimes depuis le début du mouvement, sans toutefois entamer la détermination des étudiants.

La principale association étudiante a jugé ses paroles peu sincères et a encouragé ses membres à poursuivre la mobilisation.


Le gouvernement a une fois de plus ordonné la coupure de l'internet mobile pour entraver l'organisation des étudiants, notamment via Facebook.


Blessures aux yeux


Des affrontements ont éclaté jeudi dans plusieurs villes, la police anti-émeute réprimant les manifestants qui bloquaient routes et autoroutes.


Elle a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour disperser les étudiants.


À Uttara, un quartier huppé au nord de Dacca, deux étudiants ont perdu la vie lors des affrontements.


"Ils ont été ramenés des affrontements"
, a déclaré Merina Parvin, infirmière à l'hôpital Uttara Adhunik Medical College, où plus d'une centaine d'étudiants ont été traités.

Elle n'a pas pu confirmer si les deux décès étaient dus à la répression policière ou aux contre-manifestants.

La police a également annoncé jeudi le décès la veille d'un manifestant, un jeune homme de 18 ans touché par des balles en caoutchouc tirées par la police, a indiqué l'inspecteur de police Bacchu Mia. Il est décédé avant d'arriver à l'hôpital.


La police a aussi blessé des dizaines d'étudiants en tirant des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes sur une foule de plus d'un millier de personnes rassemblées dans la plus grande université privée du Bangladesh à Dacca.


"Au centre médical de l'université de Brac, au moins 25 étudiants ont été soignés pour des blessures causées par des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes"
, a affirmé un responsable de l'université sous couvert d'anonymat.

"Plusieurs étudiants ont été touchés aux yeux par des balles en caoutchouc"
, a-t-il ajouté.

Les étudiants avaient également appelé la population à fermer les commerces et à rester chez elle ; jeudi matin, à Dacca, presque aucun véhicule ne circulait dans les rues.

La Première ministre est au pouvoir depuis 2009 dans ce pays de 170 millions d'habitants. Mercredi, lors d'une allocution télévisée au lendemain de la journée la plus violente depuis le début des manifestations, elle a promis que les responsables des
"meurtres"
seraient punis, quel que soit leur affiliation politique.

Asif Mahmud, l'un des coordinateurs des manifestations, a déclaré que les propos de Mme Hasina ne répondaient pas aux
"meurtres et au chaos causés par les militants de son parti".

La Première ministre n'a pas identifié les responsables des six décès survenus mardi. Cependant, les descriptions fournies par les autorités hospitalières et les étudiants suggèrent que certaines des victimes ont été tuées lorsque la police a fait usage d'armes non létales pour réprimer les manifestations.


Les étudiants demandent un système de recrutement basé sur le mérite dans la fonction publique, une revendication particulièrement urgente dans le contexte d'une crise de l'emploi sévère touchant des millions de diplômés universitaires.


Amnesty International et le département d'État américain ont condamné les violences et appelé le gouvernement de Mme Hasina à ne pas réprimer ces manifestations pacifiques.


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