Aux Etats-Unis, première réunion de la Fed sous la nouvelle ère Trump

La rédaction avec
19:5326/01/2025, dimanche
MAJ: 26/01/2025, dimanche
AFP
Le président américain Donald Trump signe un décret de grâce pour les délinquants du 6 janvier dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 20 janvier 2025.
Crédit Photo : Jim WATSON / AFP
Le président américain Donald Trump signe un décret de grâce pour les délinquants du 6 janvier dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 20 janvier 2025.

La Réserve fédérale (Fed) tient mardi et mercredi sa première réunion de politique monétaire depuis le retour à la Maison Blanche d'un Donald Trump bien déterminé à peser sur le niveau des taux d'intérêt.

Dès sa première semaine en poste, le président américain a mis un coup de pression à l'institution dont les statuts la mettent théoriquement à l'abri du pouvoir politique - même si l'exécutif a le pouvoir de proposer des candidats aux postes de gouverneur. 


Donald Trump a
"exigé"
jeudi que les
"taux d'intérêt baissent immédiatement".

Il a aussi jugé normal que les responsables de la Fed l'écoutent car
"je connais bien mieux les taux d'intérêt qu'ils ne les comprennent".

"Je pense que je connais (le sujet) bien mieux que celui qui en est le principal responsable",
a-t-il poursuivi, en faisant référence au président de l'institution, Jerome Powell, mais sans le nommer.

C'est Donald Trump lui-même qui avait proposé en 2017 que M. Powell prenne la tête de la Fed, une institution que la plupart des présidents récents se sont abstenus de critiquer publiquement.

"Je les laisse faire mais si je ne suis pas d'accord, je le ferai savoir",
a encore prévenu le chef de l'Etat.

La Fed se réunit toutes les six semaines pour ajuster ou non ses taux d'intérêt, qui ont un direct décalé dans le temps sur l'économie: lorsqu'elle est en surchauffe les taux montent pour tenter de la ralentir, si elle est en revanche sous sa croissance potentielle des taux faibles peuvent lui apporter un coup de fouet.


Avec un effet, dans chaque cas, sur l'inflation, dont le rythme aura tendance à suivre celui de l'économie, selon la théorie économique.


La banque centrale avait systématiquement abaissé ses taux lors de ses trois dernières réunions, pour un total d'un point de pourcentage.

Mais face à une inflation toujours supérieure à sa cible, les marchés financiers jugent peu probable qu'une nouvelle baisse intervienne avant mars, au plus tôt, selon l'outil de veille du groupe CME, FedWatch.


Les taux se situent désormais dans la fourchette de 4,25 à 4,50%, après avoir plafonné pendant plus d'un an à leur plus haut niveau depuis le début des années 2000.


"Plutôt sain"


Le défi pour la Fed sera donc de laisser ses taux inchangés sans s'attirer les foudres du chef de l'Etat.


"L'objectif sera de faire le moins de remous possible autour de cette pause",
observe auprès de l'AFP Diane Swonk, économiste en chef chez KPMG.

Jerome Powell, selon elle, évitera de "spéculer" sur les répercussions économiques des politiques voulues par le nouveau gouvernement et attendra de voir "comment elles affectent effectivement l'économie".


La réunion de la semaine prochaine
"devrait marquer le démarrage ennuyeux d'une année tumultueuse pour la Fed",
remarque Michael Feroli, économiste en chef chez JP Morgan.

Parmi les grandes inconnues: Donald Trump va-t-il mettre en place les nouvelles barrières douanières qu'il a promises ? Et cela se traduira-t-il par un rebond des prix et une ralentissement de l'économie comme anticipé par de nombreux experts ?


La nouvelle administration, qui a juré de rendre du pouvoir d'achat aux Américains, le conteste.


Ancien président de la Fed de St. Louis, James Bullard considère que les marchés "donnent trop d'importance" au risque inflationniste que feraient peser les surtaxes aux frontières. 


Il écarte tout effet mécanique, les consommateurs pouvant selon lui chercher un substitut au produit renchéri, ou simplement arrêter de l'acheter.


Quant aux commentaires de Trump, le doyen de l'école de commerce de l'université de Purdue (Indiana) ne s'en étonne guère venant d'un ex-promoteur immobilier très familier de
"l'univers des taux d'intérêt".

"Lors de son premier mandat, il a fallu s'habituer à voir un président s'exprimer au sujet de la politique monétaire",
observe-t-il, jugeant
"plutôt sain" d'avoir "des retours du monde politique"
tant que cela ne dévie pas la Fed de sa
"mission",
qui est d'aboutir à la fois au plein emploi et à une inflation stable et modérée.

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