Une cinquantaine de militants de l'opposition, en T-shirts jaunes, frappaient aux portes et distribuaient des tracts électoraux dans ce quartier modeste de Harare, la capitale du Zimbabwe, jusqu'à ce que la police leur donne ordre de se disperser.
Pour ces partisans, l'intervention, comme tant d'autres ces dernières semaines, illustre la détermination du parti au pouvoir à ne pas laisser la moindre chance à l'opposition.
L'élection du président et du Parlement est prévue le 23 août dans ce pays enclavé d'Afrique australe, riche en or et minéraux, où le niveau d'éducation reste élevé et les citoyens passionnés par le jeu politique, même si beaucoup sont désabusés.
Le Zanu-PF domine depuis l'indépendance, il y a 43 ans, et le pays a déjà connu des scrutins entachés d'irrégularités: peu s'attendent à un scrutin libre, beaucoup redoutent de la fraude.
Le parti au pouvoir a pris des mesures pour contrôler l'élection de A à Z.
Le Parlement a adopté une loi liberticide en juin, qui musèle la société civile et limite la possibilité de critiquer le gouvernement, dénonce l'opposition. Des élus ont été arrêtés, des dizaines d'événements de la CCC empêchés et le parti se plaint du peu de temps d'antenne qui lui est accordé à la télévision publique.
Démoralisés
Les militants avaient choisi samedi une action de terrain pour contourner l'interdiction de plusieurs meetings. Mais quand le quartier leur a ouvert les portes et qu'une petite foule a commencé à suivre une voiture diffusant des jingles électoraux, une dizaine de policiers sont apparus.
Économie sinistrée
Lors de la dernière présidentielle en 2018, M. Chamisa, déjà le candidat de l'opposition, avait perdu de peu face à M. Mnangagwa. Il avait contesté le vote mais ses recours avaient été rejetés.
Cette fois, l'avocat et pasteur charismatique espère surfer sur le fort mécontentement lié à une économie gravement sinistrée entre corruption, pauvreté et chômage.
L'hyperinflation de ce pays agricole de 15 millions a atteint 175,8% en juin, selon les chiffres officiels, mais certains économistes tablent sur près de mille.
L'opposition est traditionnellement forte dans les villes, moins implantée dans les campagnes.
Au-delà d'une majorité, il aurait besoin d'une forte participation pour être conforté à la tête du pays, avancent certains observateurs.