Un tribunal pénal du Vatican rend samedi son verdict pour 10 prévenus, dont un cardinal italien de haut rang, jugés pour fraude, au terme de deux ans et demi d'un procès inédit autour d'opérations financières du Saint-Siège.
Le cardinal Angelo Becciu, 75 ans, un ancien proche conseiller du pape François, est le plus haut responsable de l'Église catholique à avoir comparu devant le tribunal pénal du Vatican, la justice civile de la Cité-Etat.
Cette affaire tentaculaire a relancé le débat sur l'opacité des finances du Saint-Siège, alors que le pape François a cherché à assainir son fonctionnement depuis son élection en 2013. Il a également réformé le système judiciaire pour que des évêques et cardinaux puissent être jugés par des laïcs et non plus exclusivement par leurs pairs religieux.
Le promoteur de justice (procureur) Alessandro Diddi a requis des peines allant de près de quatre ans à plus de 13 ans de prison, en plus de sanctions financières, à l'encontre des dix prévenus qui comparaissent pour fraude, détournement de fonds, abus de pouvoir, blanchiment d'argent, corruption et extorsion.
Intermédiaires multiples
Le tribunal présidé par le magistrat italien Giuseppe Pignatone doit notamment se prononcer sur le sort de Raffaele Mincione, homme d'affaires italo-suisse qui avait reçu l'investissement via son fonds luxembourgeois, et Gianluigi Torzi, qui s'était adjugé le contrôle de l'immeuble à la barbe du Vatican.
Parmi les temps forts, les révélations concernant une conversation téléphonique de Mgr Becciu -à son initiative- avec le pape et enregistrée à son insu, peu avant le début du procès, dans laquelle il lui demandait de confirmer avoir approuvé des mouvements financiers confidentiels.
Le Vatican avait finalement revendu l'immeuble de 17.000 m2 situé dans le très chic quartier de Chelsea, au prix d'une lourde perte.
L'affaire a porté un rude coup à la réputation de l'Eglise et du pape François, qui a multiplié les réformes pour assainir les finances du Saint-Siège, engluées dans les scandales, et lutter contre la fraude.
Outre la création d'un Secrétariat pour l'Economie en 2014, le jésuite argentin a, depuis son élection en 2013, encadré les investissements et les activités de la Banque du Vatican, en particulier via la fermeture de 5.000 comptes suspects.
Ce procès s'est aussi penché sur deux volets annexes, dont le financement à hauteur de 125.000 euros d'une coopérative gérée par le frère de Mgr Becciu pour des activités possiblement non caritatives, des accusations qu'il rejette catégoriquement.