Le conflit israélo-palestinien vu de l'Afrique

La rédaction
17:009/10/2023, lundi
MAJ: 18/10/2023, mercredi
Yeni Şafak
Manifestation pro-Palestine en Afrique du Sud, à Johannesburg le 27 janvier, 2022. Crédit Photo: LUCA SOLA / AFP / Archives
Manifestation pro-Palestine en Afrique du Sud, à Johannesburg le 27 janvier, 2022. Crédit Photo: LUCA SOLA / AFP / Archives

L'opération "Déluge d'Al Aqsa" a été lancée depuis le 07 octobre par le Hamas et d'autres groupes palestiniens, en riposte aux attaques d'Israël sur le peuple palestinien et la mosquée d'Al-Aqsa. Un conflit israélo-palestinien ravivé désormais et sur lequel les Africains ont des positions différentes mais appellent tous au respect du principe des deux États.

Des leaders divisés ! C'est le moins que l'on puisse dire concernant les réactions des hommes politiques africains sur les opérations du Hamas contre Israël, les plus meurtriers depuis 2007 pour Tel-Aviv. En Afrique, les leaders, autant que les citoyens lambda sur les réseaux sociaux, se sont exprimés sur cette recrudescence des attaques meurtrières de part et d'autre entre la Palestine et le colon israélien.


Il y a d'abord un déphasage entre les citoyens et les activistes africains d'un côté, et certains leaders politiques de l'autre. Les premiers ont pour la majeure partie exprimé leur soutien à la Palestine et reconnaissent les opérations du Hamas comme de la légitime défense face à la colonisation. Chez les deuxièmes, les hommes politiques, les avis divergent.


L'Union Africaine elle est sans équivoque:
"la dénégation des droits fondamentaux du peuple palestinien, notamment celui d'un Etat indépendant et souverain est la cause principale de la permanente tension israélo-palestinien"
, a-t-elle exprimé dans un communiqué publié sur le compte X de l'organisation. Elle appelle les deux parties à mettre fin
"aux hostilités militaires... pour la mise en oeuvre du principe des deux États"
.


Même vision du côté de Pretoria.
"L'Afrique du Sud exprime sa profonde inquiétude face à la récente escalade dévastatrice du conflit israélo-palestinien"
, a déclaré le Département sud-africain des relations internationales et de la coopération (DIRCO) dans un communiqué samedi soir.

Elle ajoute:
"La nouvelle conflagration est née de la poursuite de l'occupation illégale des terres palestiniennes, de l'expansion continue des colonies, de la profanation de la mosquée Al-Aqsa et des lieux saints chrétiens, ainsi que de l'oppression continue du peuple palestinien"
.

Le Sénégal a-t-il changé de paradigme sur le conflit israélo-palestinien ?


Du côté du Sénégal, on a mis un peu plus les pieds dans le plat. Dans le communiqué du Ministère sénégalais des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l'extérieur,
"le gouvernement de la République du Sénégal condamne les attaques à l'origine de cette nouvelle spirale de violence et appelle toutes les parties à la retenue"
.

Une condamnation des actes de résistance du Hamas venant du Sénégal qui peut surprendre, puisque le pays ouest-africain préside depuis 1975, le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.


Même si Dakar appelle au retour au dialogue en vue de restaurer le principe
"de deux États indépendants"
, cette communication confirme le ton plus "équilibriste" du Sénégal sur ce conflit, depuis l'avènement de Macky Sall aux affaires. Même en gardant de bonnes relations avec Israël, le Sénégal a toujours été un allié constant et explicite de la Palestine.

L'ancien leader palestinien Yasser Arafat bénéficiait même d'un passeport diplomatique sénégalais sous Leopold Sedar Senghor, qui ne manquait pas de soutenir l'Organisation de Libération de la Palestine. Cette tradition a été perpétuée sous Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, ses successeurs.

Sous Macky Sall élu en 2012, le Sénégal a davantage renforcé ses relations avec Israël. Une polémique avait notamment vu le jour au Sénégal lorsque la communication du président sénégalais sur l'affaire Sheikh Jarrah en mai 2021, avait semblé mettre dos à dos l'Israël et la Palestine. Des diplomates sénégalais à la retraite interrogés par BBC Afrique, avaient alors pointé du doigt les intérêts économiques comme une motivation possible pour ce changement de politique.


William Ruto et Félix Tshisekedi suivent le narratif occidental


Outre le Sénégal, le Kenya, via le président William Ruto, s'est exprimé sur ce renouveau du conflit israélo-palestinien, en suivant particulièrement le narratif occidental faisant d'Israël la victime et du Hamas un groupe
"terroriste"
.
"Le Kenya se joint au reste du monde dans sa solidarité avec l'État d'Israël et condamne sans équivoque le terrorisme et les attaques contre des civils innocents dans le pays,"
a lâché Ruto, sur la plateforme X, même si dans les commentaires, on peut voir aisément que certains citoyens kenyans partagent moins cet avis.


Même son de cloche du côté de son homologue congolais, Félix Tshisekedi.
"En son nom propre et au nom des Congolais, le Chef de l'État exprime sa solidarité au peuple israélien et présente ses condoléances aux victimes et à leurs proches",
a exprimé la présidence congolaise.

Les pays d'Afrique du Nord quant à eux sont restés dans leur traditionnel soutien sans faille au peuple palestinien. Dans un communiqué publié par la présidence tunisienne sur son compte Facebook, le président tunisien a déclaré qu'il
"se tenait pleinement et inconditionnellement aux côtés du peuple palestinien"
.

Même opinion chez le voisin algérien, qui a accusé Israël de pratiques qui
"violent les règles humanitaires les plus élémentaires"
et a appelé à une intervention internationale
"pour protéger le Palestinien de l'arrogance et du crime que l'occupation sioniste a érigé en caractéristique de son occupation des terres"
.

Par
Alioune Aboutalib LO

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