ÉDITION:

Européennes de juin: l'extrême droite française lance sa campagne

La rédaction
15:334/03/2024, Pazartesi
AFP
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Le président du parti d'extrême droite Rassemblement national, Jordan Bardella.
Crédit Photo : CHRISTOPHE SIMON / AFP
Le président du parti d'extrême droite Rassemblement national, Jordan Bardella.

À trois mois des élections européennes, le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) emmené par sa jeune tête de liste Jordan Bardella, a donné dimanche le coup d'envoi de sa campagne.

Jordan Bardella, 28 ans, a choisi la deuxième ville de France, Marseille (sud-est), pour son premier meeting géant.


Devant plus de 5.000 personnes, il a fustigé:


Ce que nos dirigeants et l'Union européenne ont provoqué main dans la main, c'est le grand effacement de la France.

"Un grand effacement qui se traduit par le recul de la France chez elle mais également en Europe et dans le monde, par le délabrement de l'État, par la dislocation du pays",
a-t-il poursuivi, en visant:

Le grand effaceur, Emmanuel Macron.

Au sujet de la crise agricole, Jordan Bardella a affirmé
"qu'on ne peut pas exiger de nos producteurs le respect de normes drastiques et laisser entrer, chez nous, des produits qui ne les respectent pas"
. La thématique de l'immigration a, par la suite, monopolisé la prise de parole du président du parti.

"Notre politique migratoire ne doit plus être centrée sur la volonté des derniers arrivants, mais sur le consentement de la Nation (…)",
a-t-il affirmé. Et d'ajouter:

C'est aux Français, et à eux seuls, de décider qui peut entrer sur notre sol, qui peut s'y maintenir, et qui ne le peut pas.

La tête de liste du parti présidentiel, Valérie Hayer, lui a rétorqué sur une chaîne de télévision française que
"l'effacement, c'est le projet du Rassemblement national, (un projet) d'affaiblissement de la France (...) de démantèlement de l'Union européenne, qui, sous couvert de protéger les Français, en fait, va les affaiblir très clairement". 

La figure de l'extrême droite en France, Marine Le Pen, avait ouvert le meeting après une longue déambulation avec son candidat dans la salle, sous une musique assourdissante et une nuée de drapeaux bleu-blanc-rouge.


Crédit Photo : CHRISTOPHE SIMON / AFP

Elle a fustigé le
"cynisme"
du président français,
"en état de siège"
et
"qui croit pouvoir trouver le salut politique dans des postures guerrières qui ont stupéfié les Français",
en allusion à ses récents propos sur l'envoi possible de troupes en Ukraine.


Marine Le Pen affirme que la majorité présidentielle s'attelle à
"déconstruire ce qui fait la France"
et propose
"compte tenu de la menace que fait peser la convoitise de l'Union européenne à laquelle Emmanuel Macron est prêt à céder, que la dissuasion nucléaire soit inscrite dans la Constitution comme un élément inaliénable de (la) souveraineté"
. Elle a ensuite abordé la crise agricole qui secoue la France en apportant un franc soutien aux exploitants agricoles.

"Ce que viennent dire les agriculteurs aux dirigeants français et européens, c'est le cri de tous les entrepreneurs, tous les bons professionnels qui aiment leur métier: laissez-nous travailler"
, a-t-elle lancé à la tribune du parc Chanot. Et de poursuivre:

Je vois dans la révolte paysanne qui se déroule dans toute l'Europe, dans les revendications qui s'y expriment, la parfaite déclinaison de nos idées.

Appelant à
"défaire"
le parti présidentiel
"dans les urnes"
, elle a également affirmé qu'Emmanuel Macron cherche
"à transférer (les) pouvoirs nationaux comme la santé, la diplomatie, la fiscalité et même la défense, à l'Union européenne".

Pour rappel, la liste du RN est en tête de tous les sondages d'opinion pour les prochaines élections européennes avec presque 10 points d'avance sur celle de la majorité présidentielle bloquée sous les 20% d'intention de vote.

Pour la France, le scrutin aura lieu le 9 juin 2024.


"Parler vrai"


Arrivé en tête des élections européennes de 2019 avec 23,34% des voix, la tête de liste Jordan Bardella a ensuite méthodiquement investi le paysage politique et médiatique, porté par la carte jeune du RN, grâce notamment à sa stratégie TikTok.


Le scrutin du 9 juin doit parachever l'ascension de Jordan Bardella, avec une double condition: 
"arriver en tête et avec un score supérieur à celui de 2019",
résume l'un de ses proches.

Une ambition que les sondeurs et les experts jugent raisonnable.


"Il n'y pas d'autre option que la victoire"
, a martelé dimanche Jordan Bardella, en affirmant que le 9 juin devait être le
"jour un de l'alternance". 

"Nationaliser" le scrutin


Les stratèges du RN s'autorisent, en privé, à viser la barre des 30% et espèrent surclasser d'au moins 10 points le parti du président Macron, avec lequel ils avaient fait jeu quasi égal en 2019.

En assumant de
"nationaliser"
le scrutin pour en faire des
"élections de mi-mandat"
contre l'exécutif, ces européennes doivent être le marche-pied à une quatrième candidature de Marine Le Pen à la présidentielle de 2027. 

Selon l'institut de sondages BVA, un tiers des Français entend utiliser son bulletin de vote aux européennes pour
"exprimer (son) opposition à la politique actuelle". 

Mais certains s'inquiètent d'un statut de favori qui pourrait démobiliser l'électorat - un talon d'Achille historique du RN, qui l'avait notamment empêché de remporter la moindre région aux élections régionales de 2021, au mépris des pronostics.


Le meeting marseillais est l'occasion d'éprouver un nouveau slogan:
"La France revient"
, sous-titré
"L'Europe revit",
clin d’œil à la formule de Ronald Reagan
"America is back".

Jordan Bardella a déjà dévoilé jeudi une
"stratégie tricolore"
- comme les feux de circulation - faisant le tri entre les politiques communautaires qu'il
"approuve"
(en vert, par exemple Erasmus), celles pour lesquels il réclame de
"nouvelles conditions"
(orange, comme pour Schengen) et des
"lignes rouges"
, notamment l'immigration.

Se disant non pas
"contre l'Europe"
, mais
"contre l'Union européenne",
il assure:

Pas de 'Frexit', ni public, ni caché.

L'un de ses concurrents, l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, qui porte la liste socialiste, lui a répondu dimanche en qualifiant les membres du RN de:


Patriotes de pacotille (...) au service (du président russe) Vladimir Poutine.

Quelque 600 manifestants ont défilé dimanche à Marseille pour
"marquer leur opposition"
au RN.

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