ÉDITION:

Agriculteurs: poursuite des blocages en France, les Espagnols rejoignent le mouvement européen

La rédaction
18:4030/01/2024, Salı
MAJ: 30/01/2024, Salı
AFP
Des agriculteurs protestent avec des tracteurs pour bloquer l'autoroute A9 sous un panneau indiquant la direction de la frontière franco-espagnole et de Barcelone, près du péage de la Croix Sud à Narbonne, le 26 janvier 2024.
Crédit Photo : ED JONES / AFP
Des agriculteurs protestent avec des tracteurs pour bloquer l'autoroute A9 sous un panneau indiquant la direction de la frontière franco-espagnole et de Barcelone, près du péage de la Croix Sud à Narbonne, le 26 janvier 2024.

Les agriculteurs français poursuivent mardi le blocage d'axes stratégiques autour de Paris et ailleurs dans le pays, accentuant la pression sur le gouvernement, alors que leurs homologues espagnols ont annoncé rejoindre le mouvement européen.

La situation s'est un peu tendue en milieu de journée avec l'intervention des forces de l'ordre tentant d'empêcher dans le centre-ouest de la France l'avancée d'un convoi d'agriculteurs vers le marché de Rungis, le plus grand du monde, au sud de Paris.


Ce convoi de 200 tracteurs parti d'Agen (sud-ouest) continue, à l'appel d'un syndicat minoritaire, la Coordination rurale, d'avancer vers le poumon alimentaire de la région parisienne, protégé par des blindés de gendarmerie à la demande du gouvernement. Le puissant syndicat agricole FNSEA, majoritaire, s'est désolidarisé de cette action.

Réclamant comme ailleurs en Europe de meilleurs revenus et, pour certains, moins de normes environnementales, les agriculteurs français barrent depuis lundi, avec leurs tracteurs, huit axes autoroutiers autour de la capitale, sous la surveillance de forces de l'ordre mobilisées en masse.


Malgré les menaces syndicales, le
"siège"
annoncé de Paris n'a jusqu'à présent pas eu lieu, et les aéroports franciliens n'ont pas été bloqués.

Au total, plus d'un quart des départements français (30) ont été touchés par ce mouvement agricole européen, qui avait déjà gagné en décembre et janvier l'Allemagne mais aussi la Roumanie, la Pologne ou encore la Belgique.


Espagne


En Espagne, les trois principaux syndicats agricoles ont annoncé mardi rejoindre le mouvement, avec une série de
"mobilisations"
dans l'ensemble du pays au cours des
"prochaines semaines"
pour dénoncer les réglementations européennes.

"Le secteur agricole en Europe et en Espagne est confronté à une frustration et un malaise croissants"
, en raison notamment
"de la bureaucratie étouffante générée par les réglementations européennes"
, ont expliqué dans un communiqué commun l'Asaja, l'UPA et la Coag.

Ces trois organisations, qui ne précisent pas à ce stade les dates exactes des manifestations, disent vouloir un
"assouplissement"
et une
"simplification"
de la politique agricole commune, ainsi qu'un "plan d'action ambitieux" au niveau "de l'UE, de l'Espagne" et des "régions" espagnoles.

Les agriculteurs européens
"luttent contre un marché déréglementé qui importe des produits agricoles de pays tiers à faible prix, qui tirent à la baisse"
les prix des denrées produites
"dans l'UE"
et
"en Espagne"
, soulignent les trois organisations, majoritaires chez les agriculteurs espagnols.

"Ces produits extracommunautaires ne respectent pas les règles européennes"
en matière de respect de l'environnement et sont à l'origine d'une
"concurrence déloyale"
, qui
"menace la viabilité de milliers d'exploitations agricoles en Espagne et en Europe"
, ajoute le communiqué.

Face à la mobilisation européenne, le syndicat Asaja avait assuré lundi vouloir se joindre au mouvement. En assurant que
"les campagnes espagnoles"
en avaient
"assez d'être ignorées",
le président du syndicat, Pedro Barato, avait alors souligné:

Les agriculteurs espagnols ont les mêmes problèmes que les agriculteurs français.

Premier exportateur européen de fruits et légumes et premier producteur mondial d'olives, l'Espagne est avec la France, l'Italie, l'Allemagne et la Pologne, l'une des principales puissances agricoles de l'UE.

Des manifestations improvisées se sont aussi déroulées ces dernières semaines en Italie, où des dizaines d'agriculteurs se disant
"trahis par l'Europe"
ont protesté mardi avec leurs tracteurs près de Milan (nord).


Le gouvernement grec, également confronté à une contestation grandissante du monde agricole, a promis mardi d'accélérer le versement des aides financières aux agriculteurs victimes de graves inondations l'an dernier.


La nouvelle politique agricole commune européenne (PAC), qui renforce depuis 2023 les obligations environnementales, et les législations du Pacte vert européen (ou "Green Deal") - même si elles ne sont pas encore en vigueur - cristallisent tout particulièrement la colère.

Jachères


À ce titre, la Commission européenne a annoncé mardi qu'elle envisageait d'adopter une nouvelle dérogation aux règles sur les jachères prévues par la PAC, qui imposent de garder 4% de jachères ou surfaces non-productives.


En France, le mouvement agricole menace de dégénérer en nouvelle crise sociale un an après la vaste mobilisation contre le relèvement de l'âge de départ à la retraite.


Sur la défensive, le Premier ministre Gabriel Attal, nommé il y a moins d'un mois, a annoncé vendredi plusieurs mesures, dont l'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier, sans toutefois convaincre les syndicats majoritaires qu'il a reçus lundi en fin de journée.

De
"nouvelles mesures"
seront prises mardi en faveur des agriculteurs, a assuré la porte-parole du gouvernement.

Cette nouvelle tempête sociale devrait figurer en bonne place dans le discours de politique générale que prononçait M. Attal dans l'après-midi devant le Parlement pour dévoiler les grands axes de son action.


Le président Emmanuel Macron, qui s'est exprimé en début d'après-midi lors d'une conférence de presse en Suède, a affirmé vouloir
"réguler"
au niveau européen les importations de volaille d'Ukraine, décriées par les agriculteurs, tout en prévenant que
"ce serait de la facilité de tout mettre sur le dos de l’Europe".

Le chef de l'État s'entretiendra jeudi avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, notamment sur l'arrivée de produits ukrainiens dans l'Union et le gel de l'accord commercial controversé que Bruxelles négocie avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay).


La France a beau être le premier bénéficiaire des subventions agricoles européennes avec plus de neuf milliards d'euros par an, ses paysans dénoncent une PAC selon eux déconnectée du terrain.


Plus généralement, les agriculteurs européens dénoncent une concurrence déloyale au niveau agricole, notamment parce que les produits importés ne sont généralement pas soumis aux mêmes réglementations que dans l'UE.

Le nombre d'exploitations agricoles a en outre été divisé en France par quatre en 50 ans: de 1,5 million en 1970, elles sont désormais moins de 400.000.


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