Des éoliennes de plus en plus grandes

12:0911/07/2024, jeudi
AFP
Des éoliennes dans un champ au lever du soleil le 28 juin 2024 à Nolan, Texas.
Crédit Photo : Brandon Bell / AFP
Des éoliennes dans un champ au lever du soleil le 28 juin 2024 à Nolan, Texas.

Sur terre et surtout en mer, les éoliennes continuent de croître en taille et en puissance afin de fournir davantage d'électricité décarbonée nécessaire face au réchauffement climatique. Une course au gigantisme qui présente cependant ses limites, expliquent des représentants de cette industrie.

Éoliennes plus puissantes


Depuis 1999, la puissance moyenne des éoliennes terrestres a triplé, passant de 1 à plus de 3 mégawatts (MW), tandis que la hauteur de leur mât est passée de 60 mètres à plus de 100 mètres, ce qui permet de capter des vents plus forts et de réduire la friction due au relief, selon un rapport du département américain de l'Énergie.


Cette tendance est encore plus marquée en mer, où les éoliennes sont passées de 6 MW en 2016 à 12 MW, voire près de 15 MW comme celles des 60 unités du parc écossais de Moray West, équipées de pales de 108 mètres, capable d'alimenter 1,3 million de foyers.


Aujourd'hui, la Chine, arrivée bien après les Européens dans ce domaine, annonce un modèle de 20 MW avec un diamètre de rotor approchant 300 mètres.


"On observe une course au gigantisme en mer car les possibilités sont plus grandes sans les contraintes terrestres"
, relève Matthieu Monnier, délégué général adjoint de l'association professionnelle France Renouvelables.
"Les développeurs de projets cherchent une optimisation économique"
: réduire finalement le coût de l'énergie.

Pour les riverains et les donneurs d'ordre, cela signifie aussi moins d'unités installées pour une même capacité globale.

C'est également un moyen d'installer des parcs plus puissants: après un premier parc de 480 MW inauguré en 2022 à Saint-Nazaire (ouest), la France prévoit désormais 1 gigawatt (GW) au large d'Oléron (ouest) et 1,5 GW en Manche... Des volumes déjà en action au Royaume-Uni et en Allemagne.


Plus loin des côtes


Demain, aux côtés des éoliennes posées sur le fond marin, la technologie flottante, actuellement au stade pilote, ouvrira l'accès à des zones plus profondes et éloignées des côtes. Avantage: éloignement de l'œil humain et exploitation de vents plus puissants et réguliers, autant de facteurs favorables aux grands équipements.


Selon Ricardo Rocha, directeur technique du développeur de projets allemand BayWa r.e., le flottant permettra également aux grandes éoliennes de se passer de fondations devenues trop massives, remplacées par des flotteurs moins imposants.


"Si les infrastructures autour de l'éolienne deviennent trop volumineuses, il n'y aura plus d'outils pour les produire"
, observe-t-il. Selon lui,
"il y aura forcément une limite à la croissance des éoliennes",
mais le flottant pourrait repousser cette limite, dans une certaine mesure.

Limites physiques


La croissance des turbines et l'extension des parcs se heurteront inévitablement à des obstacles, admettent les acteurs du secteur.


Il y a la question des infrastructures portuaires et du manque de navires capables de manipuler des nacelles de plus en plus lourdes ou des pales dépassant les 100 mètres...

Pour un parc éloigné, comment assurer la surveillance et la maintenance au-delà des seuls drones ?


Les très grandes profondeurs constituent également une limite, car il n'existe pas encore de version flottante pour la plateforme électrique indispensable reliant les éoliennes pour renvoyer le courant à terre. De plus, il faudra toujours enterrer dans le fond marin le câble transportant le courant vers la côte. Tout cela a un coût élevé.


Conséquences financières


Déjà, l'augmentation de la puissance des éoliennes a fragilisé économiquement les constructeurs européens, contraints de concevoir des machines toujours plus puissantes avant d'avoir rentabilisé les précédentes, explique Matthieu Monnier, qui voit là une course
"un peu mortifère".

"C'est tout l'enjeu du jeu que mènent aujourd'hui les Chinois en poursuivant une course à la puissance quelque peu illimitée, car qu'elles soient rentables ou non, elles seront toujours subventionnées"
, souligne-t-il.

Le PDG de l'entreprise danoise Vestas avait déjà estimé l'an dernier que ses éoliennes étaient maintenant suffisamment grandes. Cependant, l'américaine GE a annoncé développer une turbine de 18 MW, et Siemens Gamesa, germano-espagnole, qui a lancé cinq modèles en dix ans, envisage un projet encore plus ambitieux.


"Jusqu'où irons-nous ? 30 MW ? Nous n'avons pas encore la réponse",
déclare M. Monnier. Mais
"à un moment donné, cela s'arrêtera"
, lorsque le coût de production d'une machine dépassera ce qu'elle produit, tous coûts inclus, et puis
"le vent a aussi ses limites".

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