Sur terre et surtout en mer, les éoliennes continuent de croître en taille et en puissance afin de fournir davantage d'électricité décarbonée nécessaire face au réchauffement climatique. Une course au gigantisme qui présente cependant ses limites, expliquent des représentants de cette industrie.
Éoliennes plus puissantes
Depuis 1999, la puissance moyenne des éoliennes terrestres a triplé, passant de 1 à plus de 3 mégawatts (MW), tandis que la hauteur de leur mât est passée de 60 mètres à plus de 100 mètres, ce qui permet de capter des vents plus forts et de réduire la friction due au relief, selon un rapport du département américain de l'Énergie.
Cette tendance est encore plus marquée en mer, où les éoliennes sont passées de 6 MW en 2016 à 12 MW, voire près de 15 MW comme celles des 60 unités du parc écossais de Moray West, équipées de pales de 108 mètres, capable d'alimenter 1,3 million de foyers.
Aujourd'hui, la Chine, arrivée bien après les Européens dans ce domaine, annonce un modèle de 20 MW avec un diamètre de rotor approchant 300 mètres.
C'est également un moyen d'installer des parcs plus puissants: après un premier parc de 480 MW inauguré en 2022 à Saint-Nazaire (ouest), la France prévoit désormais 1 gigawatt (GW) au large d'Oléron (ouest) et 1,5 GW en Manche... Des volumes déjà en action au Royaume-Uni et en Allemagne.
Plus loin des côtes
Demain, aux côtés des éoliennes posées sur le fond marin, la technologie flottante, actuellement au stade pilote, ouvrira l'accès à des zones plus profondes et éloignées des côtes. Avantage: éloignement de l'œil humain et exploitation de vents plus puissants et réguliers, autant de facteurs favorables aux grands équipements.
Selon Ricardo Rocha, directeur technique du développeur de projets allemand BayWa r.e., le flottant permettra également aux grandes éoliennes de se passer de fondations devenues trop massives, remplacées par des flotteurs moins imposants.
Limites physiques
La croissance des turbines et l'extension des parcs se heurteront inévitablement à des obstacles, admettent les acteurs du secteur.
Pour un parc éloigné, comment assurer la surveillance et la maintenance au-delà des seuls drones ?
Les très grandes profondeurs constituent également une limite, car il n'existe pas encore de version flottante pour la plateforme électrique indispensable reliant les éoliennes pour renvoyer le courant à terre. De plus, il faudra toujours enterrer dans le fond marin le câble transportant le courant vers la côte. Tout cela a un coût élevé.
Conséquences financières
Le PDG de l'entreprise danoise Vestas avait déjà estimé l'an dernier que ses éoliennes étaient maintenant suffisamment grandes. Cependant, l'américaine GE a annoncé développer une turbine de 18 MW, et Siemens Gamesa, germano-espagnole, qui a lancé cinq modèles en dix ans, envisage un projet encore plus ambitieux.