Des migrants éthiopiens, dont Abu Gizaw Assefaw, racontent les dangers de la "route de l'Est" vers le Golfe, marquée par la faim, la soif, la violence des passeurs, et des pertes humaines, malgré l'espoir initial de trouver une vie meilleure en Arabie saoudite.
Abu Gizaw Assefaw fait partie des centaines de milliers de personnes, principalement des Éthiopiens, qui se lancent chaque année sur la route de la Corne de l'Afrique, traversant un désert, une mer agitée et des zones de guerre à la recherche d'opportunités en Arabie saoudite.
Malgré le danger d'un tel périple, les migrants interrogés par l'AFP racontent qu'ils avaient pris la route après avoir perdu tout espoir en Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé d'Afrique déchiré par les conflits armés et les catastrophes climatiques.
"Pas mangé pendant des jours"
Pour Abu Gibaw Assefaw, le périple a commencé dans un bus à Addis Abeba, la capitale éthiopienne, avec 10 amis. Direction la région Afar, dans le nord du pays, avant de finir le parcours à pied à travers le désert, pour atteindre la mer Rouge. Abu Gizaw Assefaw dit:
Le soleil était brûlant. Nous n'avons pas mangé pendant des jours. J'ai perdu beaucoup d'amis qui sont morts de faim.
Arrivés à Djibouti, le jeune homme et ses amis ont dû payer chacun à des passeurs 30.000 birr, environ 490 euros, pour la traversée vers le Yémen.
Vautours
Neyima Mohammed, 18 ans, en fait partie. Après l'échec de sa petite entreprise de vente de produits alimentaires, elle tente de rejoindre l'Arabie saoudite, où, elle l'espère, une vie meilleure l'attend.
Avec d'autres personnes originaires comme elle du village de Silte, dans le sud de l'Éthiopie, elle est ballotée d'un passeur à l'autre.
Au Yémen, ils sont impliqués dans un accident de la route qui tue plusieurs personnes. Elle dit:
Nous les avons déposées sur la route car il n'y avait pas de cimetière. Les vautours se nourrissaient de leurs cadavres.
Pour Neyima Mohammed, c'est la fin du périple.
Je suis heureuse d'être revenue vivante dans mon pays. Je veux oublier ce qui m'est arrivé et continuer ma vie.
"Revenu les mains vides"
Si Shamsadin Awol, 20 ans, avait su avant de partir les épreuves sur la route de l'Arabie saoudite, il n'aurait jamais quitté son village dans l'est de l'Éthiopie.
Des passeurs l'ont emmené à Hargeisa, la capitale de la région somalienne séparatiste du Somaliland, puis au Yémen et en Arabie saoudite.
Aujourd'hui, Shamsadin Awol se dit heureux d'être de retour en Éthiopie.