Les agriculteurs polonais reprennent les blocages aux passages frontaliers ukrainiens

La rédaction
18:429/02/2024, vendredi
AFP
Des agriculteurs bloquent l'accès au poste frontière polono-ukrainien à Dorohusk, dans l'est de la Pologne, lors d'une manifestation d'agriculteurs contre la politique de l'UE et les produits agricoles ukrainiens autorisés sur le marché de l'UE à des prix bas, le 9 février 2024.
Crédit Photo : WOJTEK RADWANSKI / AFP
Des agriculteurs bloquent l'accès au poste frontière polono-ukrainien à Dorohusk, dans l'est de la Pologne, lors d'une manifestation d'agriculteurs contre la politique de l'UE et les produits agricoles ukrainiens autorisés sur le marché de l'UE à des prix bas, le 9 février 2024.

Les agriculteurs polonais ont bloqué vendredi des passages de la frontière avec l'Ukraine, et de nombreuses routes à travers le pays, pour protester contre la concurrence de son voisin, alors que Varsovie envisage d'imposer de nouvelles interdictions d'importation de produits agricoles ukrainiens. 

Les agriculteurs ont manifesté sur plus de 250 sites à travers la Pologne, bloquant la circulation avec leurs colonnes de tracteurs convergeant à petite vitesse vers les grandes villes. 


À la frontière avec l'Ukraine, à côté d'une banderole appelant l'UE à interdire les céréales et le sucre ukrainiens, Marcin Wilgos, organisateur de la manifestation à Dorohusk a déclaré à l'AFP:


Nous n'avons pas d'autre choix.

La Pologne compte parmi les plus grands soutiens de l'Ukraine, mais les frictions liées à l'interdiction unilatérale des importations de céréales par Varsovie ont entamé les relations entre les alliés. 


Le ministre polonais de l'agriculture, Czeslaw Siekierski, a déclaré vendredi à la radio publique que des interdictions
"totales"
d'importation pourraient être nécessaires pour de nouveaux groupes de produits. 

"Cela pourrait être nécessaire pour le sucre, si son afflux est trop important, pour la volaille",
a estimé M. Siekierski, ajoutant que le gouvernement avait l'intention de soulever la question lors de discussions avec Kiev. 

Selon lui, les agriculteurs avaient
"des attentes et des demandes légitimes"
pour limiter les importations excessives en provenance d'Ukraine. 

M. Siekierski a également indiqué qu'il prévoyait de rencontrer les organisateurs des manifestations plus tard dans la journée, avant de les accueillir au ministère la semaine prochaine. 


Un fardeau énorme


Les manifestations polonaises, organisées à l'appel du principal syndicat agricole, devraient se poursuivre pendant tout un mois. 


Elles s'inscrivent dans le cadre du mécontentement croissant des agriculteurs européens face à l'effondrement des prix sur l'ensemble du continent. 


Les agriculteurs européens se plaignent de la concurrence des producteurs ukrainiens, qui pèse sur leurs revenus et qu'ils trouvent injuste, l'Ukraine n'étant pas soumise aux règles de l'Union européenne, notamment en matière de bien-être animal. 

"La surabondance de produits en provenance d'Ukraine, fabriqués sans respecter les normes et procédures de l'UE, est un fardeau énorme pour nous"
, a déclaré M. Wilgos, agriculteur de 40 ans qui manifestait à Dorohusk. 

La Pologne a interdit les importations de céréales ukrainiennes sous le précédent gouvernement nationaliste mais a maintenu cette interdiction après l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle coalition pro-UE en octobre. 


Démission


Dans le contexte des manifestations, les autorités polonaises en place ont demandé la démission du commissaire européen à l'Agriculture, le Polonais Janusz Wojciechowski, nommé à ce poste par leurs prédécesseurs du parti populiste nationaliste Droit et Justice (PiS). 


"Il y a un homme en Europe qui a rassemblé tous les agriculteurs européens et polonais contre sa réforme. C'est Janusz Wojciechowski"
, a déclaré au parlement le vice-Premier ministre polonais Wladyslaw Kosiniak-Kamysz.

Vendredi, le puissant président du PiS, Jaroslaw Kaczynski, s'est joint de manière inattendue à ces appels, déclarant qu'il demanderait à M. Wojciechowski de
"mettre fin à sa mission"
, avant de reconnaître qu'il n'avait
"aucune influence"
sur ses décisions. 

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