"Moins de bases, plus d'écoles", la France détaille sa nouvelle stratégie en Afrique

13:0224/01/2025, Cuma
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La France tente de redéfinir son rôle sur le continent Africain en mettant l'accent sur des partenariats économiques, culturels et climatiques.
Crédit Photo : ludi / Pixabay
La France tente de redéfinir son rôle sur le continent Africain en mettant l'accent sur des partenariats économiques, culturels et climatiques.

Le porte-parole du Quai d'Orsay, Christophe Lemoine, a présenté ce jeudi 23 janvier 2025 les grandes lignes de la reconfiguration des relations entre la France et plusieurs pays d'Afrique subsaharienne.

Lors de son point presse hebdomadaire, Lemoine a rappelé que l'engagement militaire français au Sahel, débuté en 2013 à la demande des États concernés, a pris fin dans certains pays
"en raison des évolutions internes",
faisant allusion à des changements de pouvoir survenus dans la région, notamment de coups d'État. Et d'affirmer:

Là où la présence militaire française n'est plus souhaitée, les forces françaises sont parties.

À titre d'exemple, les forces françaises ont quitté le Mali en 2022 et le Burkina Faso en 2023, à la suite des décisions souveraines des gouvernements respectifs.


Coopération


Au-delà des questions de défense, Christophe Lemoine a souligné que les relations franco-africaines reposent également sur
"des partenariats denses"
et des
"liens humains et culturels profonds"
. La stratégie actuelle, soutenue par le président de la République Emmanuel Macron, se veut tournée
"vers l'avenir".

Évoquant des projets centrés sur l'éducation, la santé, la jeunesse et le climat
, Lemoine a résumé:

Moins de bases, plus d'écoles.

Cette réorientation implique la fermeture progressive des bases militaires françaises au Tchad, au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Gabon, dans le cadre d'un dialogue bilatéral mené depuis deux ans, selon le Quai d'Orsay. Les consultations, confiées à Jean-Marie Bockel,
"envoyé personnel"
du Président français pour l'Afrique, visent à privilégier des
"partenariats gagnant-gagnant"
respectueux de la souveraineté des États concernés.

Contexte délicat


Cette déclaration s'inscrit dans un climat diplomatique tendu. Lors de la conférence des ambassadeurs et ambassadrices, le 6 janvier courant, Emmanuel Macron a déclaré que certains
"gouvernants africains"
avaient
"oublié de dire merci"
à la France pour son engagement militaire dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Ces propos, perçus comme condescendants par plusieurs dirigeants africains, ont suscité une vague de critiques à l'encontre de l'ex-puissance coloniale.


Depuis plusieurs années, les relations entre la France et ses partenaires africains sont marquées par des tensions croissantes. Le retrait progressif des troupes françaises a été acté dans plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest à la demande de leurs gouvernements:


  • Mali: Retrait des forces françaises en 2022, après la détérioration des relations diplomatiques entre Bamako et Paris;
  • Burkina Faso: Fin de l'accord de coopération de défense en 2023, avec un départ des troupes françaises peu après;
  • Niger: Suspension de la coopération militaire et expulsion de l'ambassadeur français en 2023, après un coup d'État qui a éloigné le pays de Paris;
  • Tchad, Côte d'Ivoire et Sénégal : Retrait annoncé des forces françaises à partir de 2025.

Ces évolutions s'inscrivent dans un contexte où de nombreux États africains revendiquent une souveraineté renforcée et expriment une volonté de diversifier leurs partenaires internationaux.

Rôle de la France


Dans le même temps, la France tente de redéfinir son rôle sur le continent en mettant l'accent sur des partenariats économiques, culturels et climatiques, comme en témoignent les restitutions de biens culturels au Bénin, au Sénégal ou à Madagascar, ainsi que des initiatives comme le One Forest Summit (2023) ou le Pacte financier mondial (2024).


En dépit de ces tensions, la France entend poursuivre ses engagements sur d'autres fronts, notamment avec le soutien à une représentation africaine élargie au Conseil de sécurité des Nations unies.


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