Le responsable d'une fédération de boulangeries tunisiennes a été arrêté après un appel du président tunisien à réprimer "les spéculateurs" face à une pénurie de farine subventionnée ayant engendré une crise prolongée du pain à bas prix, ont rapporté jeudi des médias locaux.
Il existe deux circuits pour la fabrication et la distribution du pain en Tunisie: le premier, formé de 3 737 magasins, bénéficie de farine subventionnée fournie par l'État, le deuxième est celui des "boulangeries modernes" (1 500 à 2 000 commerces libres) qui avaient droit, jusqu'à début août, à un quota limité de farine subventionnée.
Après une grève et un sit-in le 7 août, les boulangeries modernes, qui vendent d'autres types de pains et des pâtisseries et qui pour certaines ont dû fermer faute de farine subventionnée, ont entamé des négociations avec le ministère du Commerce.
Redoutant une révolte populaire dans un pays qui a connu en 1983/84 des émeutes du pain (plus de 150 morts), le président Kais Saied a limogé sans explications en début de semaine le directeur de l'Office public des céréales.
Dans une économie bâtie sur les bas salaires (le salaire minimum est de 480 dinars, soit 140 euros), l'État centralise depuis les années 70 les achats de produits de base pour les réinjecter sur le marché à bas prix.
Selon le journal Echaab News, rattaché à la centrale syndicale UGTT, 8 navires chargés de céréales attendent en rade de Sfax (centre-est) depuis deux semaines que leur contenu soit payé pour le décharger.