Tout juste investi président, Bola Tinubu avait déclaré lundi la fin des subventions sur le carburant, l'une de ses promesses de campagne, semant un vent de panique chez les consommateurs qui se sont rués dans les stations-essence à l'origine d'immenses files d'attente dans les grandes villes du pays.
Dans les grandes villes du pays, les prix affichés dans les stations-services avaient alors quasiment triplé, provoquant une immense détresse chez les Nigérians, dont près de la moitié vit sous le seuil de pauvreté, et déjà confrontés à une très forte inflation.
Il n'y a pas de clients, ils restent chez eux, j'ai déjà été obligé d'augmenter le prix de la course de 1.500 à 3.500 naira.
À Lagos, après les embouteillages monstres qui paralysaient mercredi matin la capitale économique de 20 millions d'habitants, les rues s'étaient quasiment vidées de voitures en début de soirée, ses habitants limitant au maximum leurs déplacements en raison du nouveau prix.
Le Nigeria, l'un des plus gros producteurs de pétrole en Afrique, échange son brut estimé à des milliards de dollars contre du carburant importé, en raison de la défaillance de ses raffineries d'Etat.
Pour acheter la paix sociale, le gouvernement prenait jusqu'ici en charge une partie des coûts du carburant, permettant ainsi aux stations-service de vendre une essence à des prix très en-dessous du marché.
Ces subventions, bien que très populaires auprès de la population, siphonnent ainsi chaque année des milliards de dollars des caisses publiques, qui pourraient être dépensés dans des secteurs prioritaires en déliquescence, comme la santé et l'éducation. Ce système a également favorisé des détournements de fonds massifs.
Le Nigeria Labour Congress (NLC), qui regroupe plusieurs syndicats, a attaqué la décision et exigé mercredi qu'elle soit immédiatement retirée.
Au cours des dix dernières années, les autorités ont tenté de supprimer ces subventions à plusieurs reprises. En vain. Chaque fois, elles ont dû faire machine arrière face à la colère de la population, gonflée à bloc par les syndicats.
En 2012, l'armée était même descendue dans les rues pour maintenir le calme lors de manifestations monstres.