Dans une usine d'armement du géant britannique de la défense BAE Systems dans le nord de l'Angleterre, la fabrique des munitions tourne à plein régime, dopée par la guerre en Ukraine et un horizon géopolitique de plus en plus sombre.
Dans l'usine où flotte une odeur de soufre, 14 machines et 340 ouvriers s'activent sur 28.000 m² pour forger, former, traiter et peindre la partie métallique de munitions d'artillerie et de char, et de mortiers de gros calibres.
A observer les blocs de métal rougis à 1.100°C manipulés par une gigantesque pince métallique, ou les ouvriers qui polissent avec soin les pièces de centaines de mortiers, on en oublierait presque leur mortel dessein.
Les obus vides sont ensuite envoyés sur le site de Glascoed, au pays de Galles, où est ajoutée la formulation explosive.
"Sans précédent"
Deux de ces contrats concernent principalement des calibres de 155 mm --largement utilisés en Ukraine. Le dernier en date, annoncé jeudi, consacre 20 millions de livres à des munitions pour des armes légères.
Ils s'ajoutent aux 2,4 milliards de livres sterling (2,7 milliards d'euros) répartis sur 15 ans prévus par l'accord 'Next Generation Munitions Solution (NGMS)' conclu par BAE Systems pour fournir des munitions à Londres, et entré en application en janvier.
Le même mois, Londres annonçait avoir déjà livré plus de 300.000 obus d'artillerie à l'Ukraine.
L'accélération de la demande de munitions se traduit par des embauches: 200 personnes devraient être recrutées cette année dans trois usines britanniques, dont Washington, dans une ancienne région industrielle du nord-est de l'Angleterre, sujette à un chômage supérieur au taux national.
Au total, BAE Systems dit employer plus de 93.000 personnes dans 40 pays, dont 39.600 au Royaume-Uni.
Mais si l'implication de Londres en faveur de l'Ukraine dans la guerre qui l'oppose à la Russie semble peu contestée par l'opinion publique britannique, il en va différemment d'autres conflits.
Vendredi, des dizaines de syndicalistes ont bloqué une autre installation de BAE Systems, située à Rochester (Kent), dans le sud-est de l'Angleterre, accusant le groupe britannique de fabriquer des composants d'avions militaires utilisés par Israël pour bombarder Gaza dans la guerre contre le Hamas.