Hakan Fidan: "Gaza est un lourd fardeau pour la conscience du monde"

15:469/03/2024, Saturday
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Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a évalué sa visite aux États-Unis devant les membres de la presse turque qu'il a rencontrés à l'ambassade de Türkiye à Washington (DHA).
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a évalué sa visite aux États-Unis devant les membres de la presse turque qu'il a rencontrés à l'ambassade de Türkiye à Washington (DHA).

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a soutenu vendredi qu'un cessez-le-feu permanent devait être instauré dans la bande de Gaza et que la porte devait être ouverte à une solution à deux États entre la Palestine et Israël.

"Il est devenu indispensable de mettre fin très rapidement à cette grande tragédie et à ce massacre dont sont victimes nos frères de Gaza et de veiller à ce que des mesures concrètes soient prises à cette fin",
a déclaré le chef de la diplomatie turque aux journalistes turcs lors d'une conférence de presse tenue à Washington.

Il est en visite de deux jours aux États-Unis pour discuter des relations, des questions régionales et internationales, en particulier de la situation à Gaza.
Il a tenu de multiples rencontres, notamment avec le secrétaire d'État américain, Antony Blinken.


Une réunion du mécanisme stratégique Türkiye-États-Unis en marge de la visite de Hakan Fidan. Il a rencontré des responsables américains de haut niveau, notamment le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, Benjamin Cardin, le président de la commission des relations étrangères du Sénat américain et Phil Gordon, le conseiller à la sécurité nationale de la vice-présidente américaine Kamala Harris.


Le chef de la diplomatie turque a réaffirmé la position d'Ankara sur le besoin urgent d'aide humanitaire à Gaza.


Certains pays, comme la Türkiye, souhaitent un cessez-le-feu permanent et ininterrompu.

Hakan Fidan a invité les organisations internationales, en particulier les Nations unies, et de nombreux pays à agir pour remédier à la situation humanitaire à Gaza.


Il a déclaré que l'approche des États-Unis consistant à établir un port temporaire à Gaza pour acheminer l'aide est le résultat de la réaction de la communauté internationale.


"Il ne s'agit pas seulement d'un lourd fardeau pour la conscience, mais aussi d'un élément qui mobilisera et enflammera les sociétés de ces pays d'une manière inattendue",
a-t-il déclaré.

Le ministre turc a regretté que certains pays sont
"aveugles et sourds"
lorsqu'il s'agit des actions israéliennes.

"Le meurtre délibéré de plus de 30 000 civils innocents à Gaza représente bien sûr un nouveau point d'oppression. La poursuite de la crise est une réalité insupportable",
a-t-il décrié.

La lutte contre le terrorisme


Hakan Fidan a souligné que les États-Unis continuent de soutenir l'organisation terroriste YPG/PKK en Syrie.


"Nous avons une fois de plus souligné notre mécontentement concernant les relations avec les YPG en Syrie et le danger stratégique que cela représente pour les deux pays et les deux partenaires de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan)",
a-t-il ajouté.

Hakan Fidan a indiqué avoir clairement fait savoir à ses interlocuteurs que l'organisation terroriste FETO, le groupe à l'origine du coup d'État défait en 2016 en Türkiye, constitue toujours une menace et que les États-Unis devaient prendre des mesures à cet égard.

Il a rappelé que la Türkiye continuera à lutter contre tous les groupes terroristes qui représentent une menace, à l'intérieur ou à l'extérieur des frontières de la Türkiye, dans le cadre du droit national et international légitime.


Personne ne peut nous empêcher de le faire.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé mercredi la détermination d'Ankara à lutter contre le terrorisme.


"Nous maintenons notre volonté de créer un corridor de sécurité de 30 à 40 kilomètres de profondeur le long de notre frontière syrienne. Nous sommes déterminés à combler, par de nouvelles mesures, les lacunes de ce corridor, dont nous avons déjà établi une partie lors de nos précédentes opérations. Comme nous le leur avons dit ouvertement en personne, nous demandons à tous les pays de la région de respecter notre stratégie de sécurité. Dans le cas contraire, ils seront eux-mêmes à l'origine de tensions potentielles. Nous avons des préparatifs qui donneront de nouveaux cauchemars à ceux qui pensent pouvoir mettre la Turquie à genoux en établissant un 'terroristland' le long de nos frontières méridionales",
avait-il averti.

La Türkiye dénonce depuis longtemps la collaboration des États-Unis avec le PKK/YPG sous prétexte de lutter contre Daech. Les responsables turcs affirment qu'il est insensé d'utiliser un groupe terroriste pour en combattre un autre.

Ankara a lancé trois d'opérations antiterroristes réussies depuis 2016 à travers sa frontière dans le nord de la Syrie pour empêcher la formation d'un corridor terroriste et permettre l'installation pacifique des résidents. Il s'agit de Bouclier de l'Euphrate lancé en 2016, Rameau d'olivier en 2018 et Printemps de la paix en 2019.


Guerre Russie-Ukraine


Hakan Fidan a également déclaré avoir discuté de la guerre en cours entre la Russie et l'Ukraine et des risques qu'elle représente pour la région, en particulier pour la sécurité de la mer Noire et la sécurité céréalière.


Il a souligné que la Russie et l'Ukraine font l'impasse sur la table des négociations pour le moment.


"Cette guerre doit cesser, une base de dialogue est nécessaire pour éviter la propagation de risques plus importants",
a déclaré le ministre turc.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rencontré vendredi son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à Istanbul pour discuter des récents développements.

La Türkiye, saluée au niveau international pour son rôle unique de médiateur entre l'Ukraine et la Russie, a appelé à maintes reprises Kiev et Moscou à mettre fin aux combats par le biais de négociations.


Erdogan a souligné à plusieurs reprises son souhait de réunir les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky en Türkye pour des discussions officielles visant à mettre fin au conflit.


Relations bilatérales avec les États-Unis


En ce qui concerne les relations avec les États-Unis, Hakan Fidan a expliqué que les deux pays sont sur le point d'ouvrir une nouvelle page basée sur une
"psychologie renouvelée et un agenda plus positif".

Il a souligné que les relations turco-américaines ont une longue histoire et le réflexe de résoudre les problèmes.

Il a indiqué que l'objectif était de faire passer le volume des échanges de 30 à 100 milliards de dollars, et qu'ils avaient discuté de la manière d'y parvenir.


"Tout en traitant les problèmes que nous rencontrons actuellement, il est également important de saisir les occasions où les deux pays peuvent explorer le potentiel commun et les opportunités qu'ils peuvent produire",
a-t-il déclaré.

En ce qui concerne l'achat par la Türkiye d'avions de combat F-16, Hakan Fidan a soutenu que le processus politique relatif est terminé et que les processus techniques relatifs à la production et à la livraison de l'avion avaient commencé.


"Ce qui suit est en fait le processus technique. C'est un processus qui se poursuivra entre les ministères de la défense et les entreprises concernées",
a-t-il dit.

Le 27 janvier, le département d'État américain a approuvé la vente d'avions F-16 et de kits de modernisation à la Türkiye pour un montant de 23 milliards de dollars, après qu'Ankara a donné son feu vert à l'adhésion de la Suède à l'Otan.


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