Faisant fi des mises en garde de son gouvernement, l'Américaine Adair Margo est montée avec ses petits-enfants à bord du "Chepe", le train pour touristes intrépides qui monte vers la Sierra Madre et les grands canyons dans le Nord-Ouest du Mexique.
Sept ans après, le gouvernement américain demande toujours à ses ressortissants de ne pas se rendre dans l'État du Sinaloa et d'éviter celui voisin du Chihuahua, que le train relie au Pacifique.
D'une capacité de 700 personnes, le Chepe circule sur une voie unique, qui va de l'océan Pacifique à la Sierra des Tarahumaras en passant par la "Barranca del cobre" (le canyon du cuivre), quatre fois plus profonde que les canyons de l'Arizona voisin.
L'année 2023 pourrait être l'année de la renaissance du rail, puisque le président Andres Manuel Lopez Obrador a promis d'inaugurer en décembre le premier tronçon du "train Maya", son grand chantier très contesté de plus de 1.500 km à travers la péninsule du Yucatan.
Bien sûr, beaucoup de gens connaissent Cancun ou Acapulco. Mais nous voulons découvrir le pays en sortant des sentiers battus, donc ce train, c'est l'occasion.
Raramuri
À sa sortie de Los Mochis, le train sillonne les vallées fertiles du Sinaloa, parsemées de champs de maïs.
Peu à peu, les rivières font place à des cascades, et les cactus reculent devant les pins des montagnes. À 2.260 m d'altitude, le belvédère d'El Divisadero surplombe le canyon d'Urique, d'une profondeur de 1.800 m.
Après neuf heures de trajet, le train arrive en gare de Creel, son terminus, sorte de capitale de la sierra des Tarahumaras.
La montagne est le fief de la communauté raramuri (ou tarahumaras) connue pour son rituel du peyotl-hallucinogène qui avait inspiré le poète français Antonin Artaud et ses capacités d'endurance.
"Les groupes armés respectent les touristes"
Le tourisme dans la Sierra a subi un coup d'arrêt en août 2008, avec le massacre de 13 habitants dont un bébé par des hommes armés.
Aucun touriste ne venait plus.
Après une timide reprise, le tourisme a de nouveau été menacé en 2018 quand un randonneur américain a été assassiné par des trafiquants de drogue dans le canyon du cuivre.
En juin 2022, deux "frères" jésuites du père Avila et un guide ont été tués près d'Urique par un petit trafiquant local, collaborateur présumé du cartel de Sinaloa dans la région. L'assassin présumé a été retrouvé mort à son tour en mars. Le père Avila affirme que:
Les groupes armés, jusqu'à présent, ont respecté les touristes. Ils ne les volent pas. Ils ne les attaquent pas.