Crédit photo: CHRISTOPHE SIMON / AFP / ARCHIVE
Sur les étals des libraires, les guides touristiques en français proposant des itinéraires en train se multiplient, en écho à des voyageurs de plus en plus nombreux désireux d'éviter l'avion ou la voiture pour partir en vacances.
"Il y a un vrai regain d'attrait pour le train"
, témoigne Vincent Barbare, PDG d'Edi8, la filiale d'Editis qui publie en France les guides Lonely Planet.
"Quand j'avais 20 ans, la question n'était pas de prendre l'avion ou pas, c'était de savoir si j'avais l'argent pour partir. Aujourd'hui, je le vois avec la génération de mes enfants, la façon de se déplacer devient un critère important pour déterminer la destination"
, relève-t-il:
"Je veux voyager, mais je ne veux pas prendre l'avion, donc c'est le train. Du coup, je ne peux pas aller partout !"
À quelques exceptions près, les guides de tourisme ferroviaire se limitent donc à l'Europe et proposent de combiner le train avec des excursions à vélo ou un peu de marche.
"C'est plus qu'une mode, c'est une redécouverte d'un moyen de transport, due au fait que beaucoup de gens sont de plus en plus sensibles à leur bilan carbone"
, confirme Cécile Pétiau, directrice éditoriale d'Hachette Tourisme.
"J'ai vu le changement dans mon activité après la crise du Covid", avec "un vrai essor à partir de 2021"
, raconte-t-elle. Et de promettre de nouvelles parutions, après deux premiers tomes sur l'Italie et l'Europe du Nord en train.
Même discours chez Michelin, où l
'"on réfléchit à d'autres titres"
après deux ouvrages sur la France et l'Occitanie en TER.
"On renforce aussi progressivement la place du train dans les Guides verts",
souligne Philippe Orain, le directeur des guides de voyage à l'effigie de "Bibendum".
La plupart des guides présents sur le marché proposent des itinéraires plus ou moins réalistes, précédés de conseils plus ou moins pratiques.
Barcelone-Stockholm ou Amsterdam-Split chez Lonely Planet. Une boucle en Écosse chez Hachette. Limoges-Vierzon chez Michelin. Ou encore un pari osé chez Gallimard qui propose, malgré la guerre en Ukraine, un parcours de Kiev à Odessa et Lviv, dans un guide publié en 2023. Voire un itinéraire Sofia-Athènes... où il n'y a en fait plus de train.
Nombre d'ouvrages semblent peu se soucier des horaires ou de l'absence de consigne dans de nombreuses gares qui peut poser un problème si l'on veut s'arrêter en chemin.
Les auteurs appellent volontiers à
"redécouvrir les plaisirs de la lenteur",
comme le guide Tao.
"Le but n'est pas seulement le but, mais le chemin qui y conduit",
écrit Juliette Labaronne, auteure de "Slow Train", citant Lao-Tseu. Son ouvrage, paru en 2019 chez Arthaud, a lancé la tendance.
À la limite entre guides de voyage et beaux livres, ces ouvrages cherchent un peu leur place, reconnaît Stéphan Szeremeta, directeur éditorial du Petit Futé.
"Les guides thématiques marchent toujours plus difficilement, car les clients ne savent pas où les trouver chez le libraire", pointe-t-il. Ils sont selon lui "plutôt dans l'inspirationnel",
surtout utiles pour échafauder des itinéraires.
Accessoirement, ces guides s'intéressent au patrimoine ferroviaire. Le Petit Futé invite à s'arrêter au Musée de l'histoire du train letton, à Riga. Les éditions de La Vie du rail proposent même un très touffu guide du tourisme et des loisirs ferroviaires en France.
Michelin s'est associé avec la compagnie nationale ferroviaire française, la SNCF, pour ses
qui invitent à parcourir la France en train régional, témoignages de cheminots à l'appui.
Dans cette palette de guides récents, le Routard brille par son absence.
"On ne peut pas faire véritablement un guide généraliste sur les trains"
, juge son patron Philippe Gloaguen.
"C'est une science très particulière, chaque pays a sa politique propre!"
. Mais
"on en parle systématiquement dans tous nos guides, depuis toujours"
, insiste-t-il.
#Voyage
#Transport
#Rail
#Edition
#Tourisme
#Environnement