Crédit Photo : NOEL CELIS / AFP
Le président chinois Xi Jinping.
La Chine souhaite renforcer l'influence de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), un groupe en pleine expansion comprenant l'Inde, la Russie et plusieurs pays d'Asie centrale, avec l'ambition d'en faire un contrepoids à l'Occident.
Les dirigeants des États membres de ce bloc de nations, aux intérêts parfois divergents, se sont réunis la semaine dernière à Astana, au Kazakhstan.
L'occasion pour le président chinois Xi Jinping d'appeler la Russie, son partenaire stratégique, et les autres participants à
"se soutenir fermement les uns les autres"
. Fondée en 2001 par Pékin et Moscou, l'OCS a pris un nouvel élan ces dernières années sous l'impulsion de ses deux fondateurs et se veut une plateforme de coopération, avec un accent sécuritaire et économique.
Le bloc a récemment accueilli deux nouveaux membres : l'Iran en 2023 et le Bélarus cette année, rejoignant ainsi la Chine, l'Inde, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan, le Pakistan et le Tadjikistan. Le sommet d'Astana s'est déroulé quelques jours avant celui de l'OTAN, qui se tient actuellement à Washington et où l'alliance militaire occidentale a réaffirmé son ferme soutien à l'Ukraine face à la Russie, membre de l'OCS.
L'élargissement de l'organisation internationale vers de nouveaux membres peut également être perçu comme une réponse aux appels répétés de Xi Jinping et de son homologue russe Vladimir Poutine à résister à l'influence occidentale.
L'OCS dit représenter 40 % de la population mondiale et environ 30 % du PIB planétaire. Mais ses membres ont des systèmes politiques différents et sont parfois en désaccord sur certains sujets.
La Chine souhaite accélérer les échanges commerciaux entre États membres, notamment en raison de son propre ralentissement économique, estime Zhang Xiaotong, directeur du Centre d'études sur la Chine et l'Asie centrale à l'université KIMEP (Kazakhstan). Pékin va probablement
"encourager la paix sur le continent eurasien et placer l'économie au centre de l'ordre du jour de l'OCS afin de stimuler sa croissance"
économique, affirme-t-il à l'AFP.
La Chine et la Russie ont régulièrement utilisé l'OCS pour renforcer leurs propres liens avec les pays d'Asie centrale et rivalisent encore d'influence dans la région. En parallèle, elles présentent de plus en plus l'organisation comme concurrente de l'Occident.
La déclaration finale de l'OCS la semaine dernière a ainsi fustigé la
"construction unilatérale et sans restriction"
de systèmes de défense antimissile, une critique à peine voilée de Washington. De son côté, Xi Jinping a appelé l'organisation régionale à
"résister aux ingérences extérieures"
et Vladimir Poutine a salué l'avènement d'un
, des références claires à l'influence occidentale.
"La Chine tentera d'utiliser les 12 prochains mois pour (...) trouver des terrains d'entente entre les 10 États membres"
, estime Eva Seiwert, chercheuse à l'institut Mercator d'études sur la Chine, à Berlin. Abanti Bhattacharya, professeure d'études est-asiatiques à l'université de Delhi, en Inde, déclare que la Chine a permis à l'OCS de
.
"Cela se résume à une simple réalité : (le) retour de la Guerre froide (avec) le monde qui se divise en deux blocs, l'un démocratique et l'autre autoritaire"
, estime Mme Bhattacharya.
D'autres analystes se montrent dubitatifs quant à la capacité de l'OCS à constituer un véritable contrepoids à l'Occident.
"Le bloc se considère comme un moyen pour ses membres de résister à la pression des États-Unis et de leurs alliés en Europe et en Asie. Mais tous les membres de l'OCS ne semblent pas sur la même longueur d'onde"
, déclare à l'AFP Ja-Ian Chong, professeur à l'Université nationale de Singapour.
Avec une Chine en concurrence avec la Russie pour l'influence dans la région et des différends frontaliers avec l'Inde, il n'est pas certain que l'organisation puisse réaliser ses grandes ambitions.
L'OCS est
, n'a pas
"d'objectif qui puisse permettre une unité
" entre membres, auxquels elle n'attribue par ailleurs aucune véritable responsabilité, juge Temur Umarov, analyste du centre Carnegie Russie Eurasie. Derrière la
elle
"n'a pas vraiment le pouvoir de générer des changements (...) à l'intérieur ou à l'extérieur des frontières de l'OCS"
, juge-t-il.
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