En représailles aux attaques systématiques d'Israël sur le peuple palestinien et sur la mosquée d'Al-Aqsa, le mouvement de résistance palestinien, le Hamas, lançait une attaque inédite sur les colons israéliens le 7 octobre. Depuis ce jour, plus de 18 000 Palestiniens, dont 70% de femmes et d'enfants, ont été tués par des bombardements israéliens incessants, qui n'épargnent ni mosquées, ni hôpitaux, ni maisons à Gaza.
Crise de crédibilité de l'Occident
Depuis plus de deux mois, il n'y a pas assez de mots forts pour décrire l'horreur de ce qui se déroule à Gaza. Israël ne fait aucune distinction entre: journalistes, employés d'ONG, camps de réfugiés, ambulances,... tous croulent sous ses bombardements au quotidien, et cela, sous le soutien
de l'Union Européenne, des Etats-Unis, et du Royaume qui, visiblement, font une hiérarchisation des vies. Pour l'occident, la valeur d'un Ukrainien, vaut mieux que celui d'un Palestinien, puisqu'au nom de la "sécurité d'Israël", le massacre de palestiniens est soutenable.
Pourtant, en Ukraine, les attaques russes au nom de la "sécurité de la Russie", n'ont pas eu le même consentement. La presse occidentale a présenté Vladimir Poutine comme le grand mal du siècle alors que les bombardements russes ont visé principalement des installations militaires et énergétiques, même s'il y a eu un bilan humain et civil regrettable. Mais à Gaza, Netanyahu jouit d'une carte blanche pour ses tueries et son armement est même assuré par les Occidentaux.
Les ONG comme Amnesty International ont documenté des faits de crime de guerre et de crime contre l'humanité pouvant être assimilés même à du génocide, avec l'utilisation de phosphore blanc, les attaques sur hôpitaux et les ambulances, ainsi que le ciblage de civil par l'armée sioniste. Il a fallu moins pourtant pour que Vladimir Poutine écope d'un mandat d'arrêt international fast-track, par la Cour Pénale Internationale.
Le silence de l'Occident, qui essaye de teinter sa complicité sur ces dérives criminelles, par des missions humanitaires à Refah, décrédibilise de plus en plus des puissances européennes et américaines qui se présentaient aux mondes comme les chantres des droits de l'Homme. Le caractère oppressif et colonial d'Israël validé par les leaders occidentaux va rendre de plus en plus difficile une voix audible de l'Occident sur les questions de liberté, d'auto-détermination et d'humanité.
"L’Occident, les pays européens en particulier, a échoué une fois de plus dans le test de l’humanité à Gaza"
disait à juste titre le Président Erdoğan. En réalité, l'Occident a montré à Gaza les limites de son humanité et de ses
et se construit désormais un manque de crédibilité qui renforce la perspective de son déclin géopolitique.
Il sera désormais plus difficile pour l'Occident de se faire entendre sur la question du respect du Droit International qui, pourtant, était leur leitmotiv lorsque Poutine a lancé son
sur Kiev. Les Etats-Unis qui continuent de bloquer les initiatives des Nations Unies visant à forcer un cessez-le-feu total à Gaza, mettent eux-mêmes en danger l'avenir du Droit International et surtout celui de l'ONU.
Le 6 décembre, pour la première fois depuis son arrivée à la tête des Nations unies en 2017, le Secrétaire Général de l'ONU Antonio Guterres, a invoqué l’article 99 de la Charte de l’ONU qui lui permet d'
”attirer l’attention du Conseil”
sur un dossier qui
“pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationale”
. Les blocages au Conseil de Sécurité, avec l'utilisation abusive du droit de veto, plombent la capacité de régulation du monde par les Nations Unies.
L'incapacité désormais de l'ONU à agir sur les conflits, à les résoudre ou à les prévenir, à faire cesser les dérives de l'unilatéralisme des leaders mondiaux, constitue un grave danger pour l'avenir de cette organisation. Les mêmes imperfections qui avaient mis fin à son ancêtre, la Société des Nations, sont en train de l'affecter et pourraient engendrer un monde moins sûr, où il n'y aurait aucun mécanisme de régulation et de mitigation des volontés égoïstes des Etats.
L'Organisation de la Coopération Islamique: elle en est où ?
Le 7 octobre est mis en avant par la presse occidentale comme si le conflit palestinien avait débuté à cette date, oubliant le blocus en cours sur Gaza depuis 2006 et le presque oubli des accords d'Oslo qui devaient faire naître un Etat Palestinien au même titre qu'un Etat Israélien.
Au fil des années, le monde, mais surtout la communauté musulmane et l'Organisation de la Coopération Islamique en l'occurrence, se sont cantonnées à suivre avec inertie un statu quo sur la question palestinienne, malgré la colonisation et l'apartheid en cours de l'Etat sioniste sur la population palestinienne.
L'OCI n'a jamais réussi à créer surtout un leadership mondial, lui permettant de défendre les intérêts de la communauté musulmane de façon diplomatique alors que les musulmans ne cessent de plus en plus d'être victimes de stigmatisation et de marginalisation dans le monde. De la Palestine aux Rohingyas, en passant par les Ouighours, le leadership du monde islamique et de la Ligue Arabe ne parvient pas à s'imposer et à défendre sa communauté.
De la même façon qu'Israël jouit d'une puissance diplomatique et économique lui permettant de s'assurer un soutien complice et indéfectible de l'occident même dans ses pires dérives, le monde arabo-musulman devrait pouvoir tirer bénéfice de sa force économique et diplomatique pour influencer le cours de la politique mondiale et impulser une dynamique efficace de règlement du conflit palestinien.
Les condamnations et les communiqués n'ont aucun intérêt face aux bombardements israéliens incessants sur Gaza. Le fait de ne s'occuper que des
sans chercher à définitivement imposer à Israël une force diplomatique le contraignant à arrêter son massacre, est le signe ultime du manque de leadership des pays comme l'Arabie saoudite, engloutis malheureusement dans les négociations des Accords d'Abraham.
Comme l'a dit le Chef de la diplomatie turque Hakan Fidan,
"les pays musulmans de la région devraient garantir la survie du peuple palestinien et agir en tant que garants d'une paix durable"
. Son appel en octobre aux pays membres de l'OCI n'a pas été encore suffisamment entendu:
"Tous les États membres sont encouragés à prendre des mesures diplomatiques, juridiques et coercitives réalisables et efficaces pour mettre fin aux crimes contre l'humanité commis par la puissance occupante Israël"
.