France: Un ex-PDG de Lafarge accuse les services français "d’avoir infiltré" le groupe

11:331/04/2023, суббота
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Bruno Lafont, chef d'entreprise, ex-PDG de Lafarge. Crédit photo: Eric PIERMONT/AFP
Bruno Lafont, chef d'entreprise, ex-PDG de Lafarge. Crédit photo: Eric PIERMONT/AFP

L'ex-PDG du groupe cimentier Lafarge, Bruno Lafont, a accusé vendredi les services français d'avoir "infiltré" le groupe en Syrie (sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria, ndlr), pays en proie à la guerre civile. C’est ce qui ressort de son entretien au quotidien français Libération, paru vendredi.

Lafont qui s’exprimait pour la première fois dans la presse et n'avait plus été entendu par la justice depuis 2018, a déclaré:
"Il est clair qu'entre l'histoire qu'on a racontée au début, celle qui dit que Lafarge, pour des raisons purement lucratives, aurait financé des groupes terroristes en Syrie entre 2013 et 2014, et ce qu'on découvre aujourd'hui, la situation est totalement différente."
Selon lui:

On apprend qu’il y a eu une relation particulière entre l'Etat français et ses services, et Lafarge, et c'est pour cela que je voulais rapporter au juge tout ce que j'ai appris ces dernières années.

L’ex-PDG de Lafarge demande
"l’approfondissement des recherches, l'audition d'un certain nombre de responsables de l'Etat qui ont joué un rôle important à cette période précise, tels des cadres des services de renseignement ou de l'état-major particulier du président de la République, et une nouvelle levée du secret-défense. C'est à ce prix qu'on pourra obtenir la lumière sur ce qui s'est vraiment passé".

Le patron de la multinationale du ciment entre 2007 et 2015 a ajouté :
"Je pense qu'une des raisons pour lesquelles l'Etat s'est intéressé à nous, c'est que le site de l'usine était vraiment un endroit stratégique pour la coalition antiterroriste et pour la France. C'est pour cela, je crois, que les autorités nous ont, a minima, encouragés à maintenir nos activités en Syrie. Mais quand je dis nous, ce n'est pas moi, ce sont mes collaborateurs qui étaient en relation avec elles, avec les ambassadeurs et les autres administrations".

Bruno Lafont est mis en examen pour
"financement d'entreprise terroriste"
(via le site du groupe à Jalabiya en Syrie, ndlr) et
"mise en danger"
de ses salariés, dans le cadre de l'information judiciaire ouverte depuis 2017 à Paris. Cependant, l’ex-PDG de Lafarge insiste :

J’ignorais tout des paiements à des groupes terroristes et des activités de l'Etat dans notre usine.

Le groupe Lafarge est mis en examen pour complicité de crimes contre l'humanité. Il est accusé d'avoir versé, en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria, entre 4,8 et 10 millions d'euros (selon l’évaluation des versements faite par l’enquête française) pour la seule nébuleuse terroriste Daech, afin de maintenir ses activités sur le site de Jalabiya en Syrie, alors que le pays s’enlisait dans la guerre civile.


Plusieurs millions d’euros ont, également, été versés à d’autres groupes terroristes et à des intermédiaires à cette même fin.


En 2015, Lafarge fusionne avec le suisse Holcim. Le cimentier français avait annoncé le 18 octobre 2022 avoir accepté de payer une sanction financière de 778 millions de dollars aux Etats-Unis et de plaider coupable pour avoir aidé, entre 2013 et 2014, des organisations terroristes, dont Daech.


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