Sécheresse et incertitudes sur le corridor céréalier continuent de faire remonter le prix des céréales

18:5214/06/2023, mercredi
MAJ: 14/06/2023, mercredi
AFP
Crédit photo: VINCENT JANNINK / ANP / AFP / ARCHIVE
Crédit photo: VINCENT JANNINK / ANP / AFP / ARCHIVE

Le prix des céréales et des oléagineux a continué de grimper ces derniers jours, reflétant les craintes liées à la sécheresse aux États-Unis et en Europe, et à de nouvelles menaces de Vladimir Poutine sur un retrait de la Russie de l'accord céréalier.

Le président russe a prévenu mardi que la Russie envisageait de se retirer de l'accord d'exportation des céréales, conclu en juillet 2022 et qui a permis de faire sortir d'Ukraine plus de 31 millions de tonnes de grains par bateaux.


Cet accord avait été prolongé en mai jusqu'au 18 juillet à l'issue d'intenses négociations.

"De nombreuses conditions qui devaient être appliquées n'ont pas été respectées"
, a déclaré Vladimir Poutine, notamment sur les exportations d'engrais russes.

Cette menace, régulièrement brandie par Moscou, est venue alimenter le mouvement de hausse des prix observé depuis quelques jours sur les marchés européens et américains.


En dépit d'un léger repli sur Euronext mercredi à l'ouverture, le prix du blé a grimpé d'une vingtaine d'euros ces deux dernières semaines, indique Damien Vercambre du cabinet Inter-Courtage, clôturant mardi soir à 238 euros la tonne.


Cette hausse reste modérée, car
"pour l'instant, les céréales
(russes et ukrainiennes)
sont accessibles. Mais si cela change, les prix vont grimper"
davantage, estime Jake Hanley, de la société Teucrium Trading.

Par ailleurs, ce retrait de la Russie pourrait intervenir au moment
"crucial de la récolte"
, quand l'Ukraine expédie ses grains après les avoir moissonnés, souligne Maxence Devillers, analyste chez Agritel.

Pour rester dans cet accord, la Russie exige la reprise du fonctionnement du pipeline Togliatti-Odessa pour les livraisons d'ammoniac, un composant chimique essentiel de l'engrais minéral.

Mais une explosion sur une portion de cette infrastructure la semaine dernière, dont Moscou et Kiev se rendent mutuellement responsables, risque d'avoir un
"impact négatif"
sur l'avenir du corridor, a mis en garde le Kremlin.

D'autre part, après la destruction du barrage de Kakhovka dans le sud de l'Ukraine la semaine passée, 1,5 à 2 millions de grains sont désormais
"à risque",
pointe Maxence Devillers.

Certaines parcelles, dévastées par les inondations, ne pourront pas être récoltées, et d'autres seront privées d'irrigation cet été, un coup dur supplémentaire pour des agriculteurs qui peinent déjà à cultiver leurs terres en raison des mines et des bombardements.


Maïs et blé en souffrance


Selon les analystes interrogés par l'AFP, la météo est toutefois redevenue la principale boussole des marchés, et joue un rôle de plus en plus important en cette période de croissance des cultures.


Alors que le maïs restait une valeur sûre et se développait jusque-là dans de bonnes conditions, ce qui tempérait la hausse du blé, le grain jaune souffre désormais d'un temps particulièrement sec dans la Corn belt américaine.

Son cours comme celui du soja progressait nettement mardi soir sur Chicago.


De l'autre côté de l'Atlantique,
"il y a aussi la sécheresse en Europe, qui s'étend jusqu'à la
(mer)
Baltique et attire de plus en plus l'attention"
des opérateurs, indique Michael Zuzolo, de Global Commodities Analytics and Consulting.

Le manque d'eau dans les sols impacte surtout les blés en Scandinavie et dans les pays baltes, et pourrait écorner un potentiel de récolte prometteur en Europe.


L'association qui représente les producteurs agricoles européens (Coceral) a réduit lundi sa prévision de récolte de blé tendre à 127,3 millions de tonnes pour l'Union européenne, contre 129,5 millions jusqu'ici. L'Allemagne et l'Espagne sont les pays les plus touchés par la sécheresse.


Les opérateurs se font aussi à l'idée que le ministère américain de l'Agriculture (USDA) devrait abaisser les estimations de rendement pour le maïs et le soja.

De manière générale, les opérateurs manquent encore de visibilité, et
"la volatilité sur les matières premières est le reflet de cette incertitude"
, souligne Jake Hanley.

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