Crédit Vidéo : Franck Péraise Mballa / Nouvelle Aube
En janvier 2023, l'assassinat du journaliste Martinez Zogo avait choqué le Cameroun, deux ans plus tard, le procès des 17 coaccusés reste bloqué, révélant les failles du système judiciaire.
Le 22 janvier 2023, le Cameroun a été secoué par l’assassinat brutal de Martinez Zogo, un journaliste respecté et animateur de l’émission "Embouteillage" sur Amplitude FM. Deux ans après cet événement tragique, le procès des 17 coaccusés reste en suspens, illustrant les défis d’un système judiciaire souvent entravé par des questions de procédure et d’impunité.
Une onde de choc persistante
L’annonce de la découverte du corps de Martinez Zogo dans un terrain vague de la banlieue nord-est de Yaoundé a provoqué une onde de choc et une profonde émotion à travers le pays.
Âgé de 51 ans, Zogo avait été enlevé le 17 janvier 2023, torturé, puis assassiné. Son travail de dénonciation des actes de corruption au sein du gouvernement avait fait de lui une cible potentielle.
Les circonstances de sa mort, marquées par des traces de violences et de sévices, ont exacerbé un climat d’insécurité parmi les journalistes camerounais.
Lors de la cérémonie d’hommage organisée le 22 janvier, plusieurs collègues ont exprimé leur douleur et leur indignation.
Serge David Tanga, animateur à Amplitude FM, a déclaré :
"La plaie est encore très ouverte. À partir du moment où on ne sait pas encore quand il sera enterré"
. Marie Noël Njamén, ancienne collègue, a souligné que
"ça fait deux ans aujourd’hui qu’il est dans la glace"
, exprimant son inquiétude quant à la transparence du procès. Aimé Césaire Dambo, un ancien collaborateur, a ajouté :
Il nous a laissé un vide qu’il sera difficile de combler.
Une enquête émaillée de doutes
L’enquête sur l’assassinat de Zogo a conduit à l’arrestation de plusieurs personnalités, inculpées pour des chefs d’accusation variés, tels que torture, assassinat, et complicité. Cependant, deux ans après les faits, le tribunal militaire de Yaoundé n’a toujours pas examiné les preuves. Ce retard soulève des inquiétudes quant à l’efficacité du système judiciaire camerounais et à la volonté des autorités de faire la lumière sur cette affaire.
Le procès, qui aurait dû apporter des réponses et rétablir la justice, est actuellement englué dans des questions de procédure. Les habitants de Yaoundé, en particulier, restent dans l’incertitude, cherchant à comprendre les raisons derrière la mort de Zogo, qui était perçu comme la
.
Son émission, "Embouteillage", dénonçait sans relâche la corruption et la mauvaise gouvernance, ce qui lui avait valu de nombreux ennemis.
Charly Tchouemou, rédacteur en chef de la radio Amplitude FM, a partagé son expérience du jour de la découverte du corps :
"Nous avons eu l’alerte via les réseaux sociaux… Grande était notre stupéfaction, consternation totale de découvrir ce corps"
. Ce témoignage illustre l’impact émotionnel de cette tragédie sur ses collègues et sur la communauté journalistique dans son ensemble.
Alors que le procès stagne, les proches et les collègues de Martinez Zogo continuent de demander justice. Ils espèrent que les responsables de cet acte odieux seront identifiés et jugés. La lenteur du processus judiciaire alimente un sentiment d’impuissance et de frustration parmi ceux qui aspiraient à une résolution rapide de cette affaire.
Une réflexion sur la liberté de la presse
L’assassinat de Martinez Zogo soulève des questions cruciales sur la liberté de la presse au Cameroun.
Dans un contexte où les journalistes sont souvent confrontés à des menaces, l’absence de justice dans cette affaire pourrait décourager d’autres journalistes de continuer à dénoncer les abus et la corruption.
L’impact de cet assassinat dépasse le cadre personnel, touchant à la santé démocratique du pays.
Deux ans après la perte tragique de Martinez Zogo, le Cameroun se retrouve à un moment décisif. Le procès en cours ne symbolise pas seulement la recherche de justice pour un homme dont la voix a été réduite au silence, mais il constitue également un véritable test pour l’intégrité du système judiciaire et la protection des droits des journalistes.
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