Automobile: l'Europe face à la crise et la concurrence chinoise

La rédaction avec
15:4127/01/2025, lundi
AFP
Le drapeau chinois est déployé à côté du drapeau de l'Union européenne lors d'un sommet UE-Chine au siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 29 juin 2015.
Crédit Photo : THIERRY CHARLIER / AFP
Le drapeau chinois est déployé à côté du drapeau de l'Union européenne lors d'un sommet UE-Chine au siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 29 juin 2015.

L'Union européenne convoque les constructeurs automobiles pour discuter de mesures face à la concurrence chinoise et aux défis environnementaux.

Les constructeurs automobiles européens, inquiets, se réunissent cette semaine à Bruxelles pour une concertation avec l'Union européenne. Celle-ci devra concilier ses objectifs environnementaux ambitieux avec les appels à l'aide du secteur.


Face à "l'urgence et la gravité de la situation", la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, inaugurera jeudi un dialogue stratégique qui s'étendra sur plusieurs mois.


L'automobile européenne est fortement impactée par la concurrence chinoise. Par ailleurs, l'élection de Donald Trump aux États-Unis fait craindre une hausse des droits de douane sur les véhicules européens.


Des annonces de suppressions d'emplois se sont multipliées en Europe ces derniers mois.


Comme un symbole, l'usine Audi de Bruxelles (groupe Volkswagen) cessera sa production fin février. Elle fabriquait un SUV électrique haut de gamme, mais les ventes de ce modèle sont en baisse. La direction évoque
"des coûts de production élevés"
à Bruxelles.

Des mesures en préparation


Pour répondre à la crise, la Commission promet un soutien au secteur, qui emploie 13 millions de personnes au sein de l'UE et représente environ 7 % de son PIB.


Des premières mesures pourraient être annoncées fin février. Elles incluraient des incitations pour les flottes d'entreprises à acheter des véhicules électriques et des initiatives pour sécuriser les chaînes d'approvisionnement en matières premières.


De leur côté, les constructeurs réclament plus de "flexibilité" sur les règles environnementales.


Lors de son précédent mandat, Ursula von der Leyen a lancé le Pacte vert européen, dont l'un des piliers est l'interdiction des ventes de véhicules thermiques neufs à partir de 2035.


Une pression environnementale accrue


Les constructeurs doivent réduire leurs émissions de CO2. Bien que cette trajectoire ait été respectée jusqu'ici, un durcissement des règles est entré en vigueur en janvier, avec des sanctions plus sévères.


Les entreprises européennes s'exposent à des amendes importantes si elles ne respectent pas leurs objectifs en 2025.


L'ACEA, le lobby automobile européen, s'oppose à ces sanctions.


Une filière européenne en difficulté


Le marché européen tourne au ralenti. En 2024, la part des voitures électriques dans les ventes a reculé à 13,6 %, contre 14,6 % en 2023.


"Nous devons rester compétitifs"
, a plaidé Ola Källenius, PDG de Mercedes et président de l'ACEA. Selon lui,
"de lourdes amendes pour non-respect des normes de CO2"
risqueraient de priver l'industrie européenne de fonds nécessaires à l'innovation et aux investissements.

La France et l'Italie ont demandé à l'UE de suspendre ces amendes cette année.

Bruxelles, cependant, temporise. La Commission souhaite évaluer les chiffres de 2025 et les émissions réelles des constructeurs avant de décider.


"Les constructeurs ne découvrent pas cette règle"
, souligne l'eurodéputé Pascal Canfin (Renew). Selon lui, tout dépend de la tendance: si les émissions baissent, sanctionner serait contre-productif. Mais en l'absence de progrès, des amendes seraient justifiées.

Une concurrence chinoise féroce


Pendant que l'Europe peine à accélérer sur l'électrique, la Chine continue de dominer le marché avec 11 millions de véhicules vendus en 2024, soit une hausse de 40 % sur un an.


L'UE a engagé un bras de fer commercial avec Pékin, accusé d'avoir subventionné sa filière électrique. En octobre, Bruxelles a imposé une surtaxe de 35 % sur les véhicules électriques chinois, en plus des 10 % de taxes existantes.


Cependant, l'industrie européenne reste
"à la traîne"
. Elle représente moins de 10 % des capacités mondiales de production de batteries, selon un rapport de la Cour des comptes européenne publié en avril 2024. De plus, le réseau de bornes de recharge en Europe demeure insuffisant.

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