Cette saison, le sinistre n’a pas épargné le nord-ouest, grenier du pays. D’importantes parcelles de la région sont désormais en friche. Le moral des agriculteurs est en berne.
Sur la route menant à cette région située à environ 60 km à l'ouest de la capitale, Tunis, les effets directs de la sécheresse sont bien visibles sur le paysage: la verdure a laissé place à un décor jaune. Les batteuses mécaniques trépidantes qui travaillaient pendant de longues heures, écossant, les uns après les autres, les épis de chaque champs sont désormais à l'arrêt, ou presque...
Cette nouvelle saison de sécheresse affiche les signes de catastrophe pour un pays déjà enlisé dans une crise économique.
La sueur dégoulinant sur son front, Khaled Abidi, ingénieur agronome et agriculteur à Medjez el-Bab, traverse son champ de blé pour montrer les conséquences d’une des plus graves sécheresses touchant la Tunisie depuis des années.
L'agriculteur a affirmé que la sécheresse est omniprésente, soulignant que les plantes de grande culture ont un cycle de croissance d'autant plus qu'elles sont gourmandes en eau. Or, elles n'ont pas assouvi ce besoin cette année, ce qui signifie qu'il n'y aura pas de récolte dans cette région hormis les cultures irriguées.
Khaled Abidi a, par ailleurs, souligné que toutes les filières agricoles sont menacées dont l'élevage qui va manquer de fourrage, les oliveraies ainsi que la production de fruits et de légumes.
Concernant la situation dans les zones irriguées, notre interlocuteur a indiqué qu'il n'est pas vraiment possible de parler de zones irriguées actuellement à Medjez el-Bab, étant donné que l'eau d'irrigation n'arrive plus à destination puisque les réserves du barrage de Sidi Salem, principal source d'eau pour la région, sont en baisse.
La Tunisie qui dépend fortement de l'agriculture pour son économie et sa sécurité alimentaire est en état d'alerte face à cette situation qui met en péril l'économie locale car elle impacte négativement le secteur agroalimentaire dans son ensemble.
Les décideurs ainsi que tous les intervenants dans le secteur de l'agriculture sont appelés à trouver des moyens innovants et durables pour faire face à cette crise telles que l'utilisation de techniques agricoles adaptées au climat sec ou encore le développement de systèmes d'irrigation efficaces qui pourraient aider à atténuer les effets néfastes causés par la sécheresse.
Certains experts appellent également à la mise en place urgente d'un arsenal de mesures qui doivent être mises en œuvre immédiatement, afin de s'adapter à la situation et préserver l'avenir de l'agriculture tunisienne.