Il y a encore une dizaine d'années, "
les compléments alimentaires étaient très mal vus, les gens faisaient l'amalgame avec des produits dopants, comme par exemple les stéroïdes
", déclare à l'AFP le youtubeur sportif Tibo InShape, 30 ans, dont la chaîne affiche près de neuf millions d'abonnés. "
Mais grâce en partie à l'émergence des réseaux sociaux, il y a une +démocratisation+, notamment chez les jeunes
".
Comme beaucoup d'autres, cet influenceur à l'impressionnante musculature promeut les compléments alimentaires et a lancé sa propre marque fin 2019, séduisant aujourd'hui des clients de "
16-17 ans jusqu'à 50 ans et plus
", précise-t-il.
Les nutriments contenus dans ces produits existent déjà dans l'alimentation de base, par exemple dans la viande, les œufs, les fruits ou encore les produits laitiers.
Mais "
ce qui attire, c'est le sentiment que ça permet d'accélérer les résultats
", conjugué à "un culte du corps sur les réseaux sociaux", développe le youtubeur, tout en reconnaissant que "
les compléments alimentaires ne sont pas magiques
".
"
La base de tout, ça reste un entraînement rigoureux et une alimentation saine
", c'est-à-dire variée et équilibrée, affirme-t-il.
Très populaire parmi les sportifs, la protéine whey (constituée à 80% de protéines de petit-lait, aussi appelé lactosérum) vise notamment à soutenir la musculature et à aider à la prise de masse musculaire.
Mais une multitude d'autres produits existent – acides aminés branchés (BCAA), créatine, oméga 3, collagène, vitamines, L-Carnitine, etc. – promettant amélioration des performances sportives, hypertrophie musculaire, perte de poids ou encore meilleure récupération.
"
Les industriels ont de fait redoublé d'efforts ces derniers mois pour revisiter recettes et packagings afin d'élargir leur base de clientèle
", souligne Cathy Alegria, experte du cabinet d'analyses économiques Xerfi, dans un article publié début 2022.
À la différence des médicaments, la commercialisation des compléments ne nécessite pas d'autorisation de mise sur le marché et les sites de vente en ligne se comptent aujourd'hui par dizaines. Les grandes enseignes de distribution se lancent aussi peu à peu sur ce créneau lucratif.
Attention toutefois à ne pas utiliser n'importe quel produit, ni n'importe comment, alertent les diététiciens, notamment sur un marché où l'offre est pléthorique et de qualité très variable.
À haute intensité d'entraînement, "
les besoins peuvent ne pas être couverts via une alimentation normale, c'est là où l'on a recours à des alternatives complémentaires
", explique à l'AFP Nicolas Aubineau, nutritionniste diététicien.
Mais "
il faut d'abord que le socle alimentaire soit correct
", ajoute cet expert, mettant aussi en garde contre le risque de "dérive vers des produits véritablement dopants" au nom du "
.
L'achat sur internet expose de facto davantage le sportif à la consommation de compléments alimentaires frauduleux ou assortis de substances plus chimiques, susceptibles de conduire à des contrôles anti-dopage positifs et d'induire des effets sur la santé, indique l'Agence française de sécurité sanitaire (Anses).
L'agence souligne que les gains éventuels de performance liés aux compléments n'excluent pas le risque sanitaire, avec des cas d'effets indésirables observés sur le système cardiovasculaire (tachycardie, arythmie et accident vasculaire cérébral) et psychique (troubles anxieux et troubles de l'humeur), sur le foie ou les reins, notamment en cas de surconsommation. Des risques accrus chez les plus jeunes, dont l'organisme présente une plus forte sensibilité que chez l'adulte.
"
Ce sont des produits en lien avec la santé, il ne faut pas les banaliser
", souligne auprès de l'AFP Irène Margaritis, adjointe au directeur d'évaluation des risques à l'Anses, recommandant de consulter un professionnel de santé en cas de recours aux compléments alimentaires.