L'Ukraine a appelé jeudi l'Occident, à la veille d'une réunion cruciale, à "cesser de trembler devant Poutine" et à "considérablement" augmenter ses livraisons d'armes, notamment de chars lourds, pour pouvoir vaincre l'armée russe.
A l'inverse, la Russie a martelé que le transfert à Kiev d'armements de plus longue portée, capables de frapper en profondeur son territoire, entraînerait une escalade alors que vendredi se réunit le groupe de contact pour l'Ukraine afin de coordonner la poursuite de l'aide militaire occidentale.
Ils ont en particulier pointé du doigt douze pays, notamment l'Allemagne et la Turquie, les appelant à fournir les chars de fabrication allemande Leopard dont Kiev dit avoir cruellement besoin, mais dont les livraisons sont incertaines du fait de tergiversations allemandes.
Berlin fait l'objet aussi d'une pression croissante de plusieurs voisins européens pour qu'elle autorise des livraisons de Leopard.
"Rien de bon"
Les Leopard de fabrication allemande font partie des chars lourds modernes et de conception occidentale qui, selon des experts, sont cruciaux dans les batailles en cours et à venir dans l'Est et le Sud de l'Ukraine.
Les autorités ukrainiennes disent également avoir besoin de systèmes de missiles d'une portée de plus de 100 km pour pouvoir frapper la chaîne logistique russe, notamment les dépôts de munitions.
Mais les Occidentaux craignent, malgré les assurances ukrainiennes, que Kiev puisse provoquer une escalade en usant de ces armes pour frapper en profondeur le territoire russe et les bases aériennes et navales de Crimée, péninsule annexée en 2014 par la Russie.
Néanmoins, selon le quotidien New York Times, l'administration de Joe Biden commence à réfléchir à la possibilité de donner à l'Ukraine les moyens d'attaquer la Crimée, car il s'agit d'une base-arrière clé pour l'effort de guerre russe.
Le président Zelensky a réitéré vouloir reprendre l'ensemble des territoires ukrainiens sous occupation, y compris la péninsule.
Vendredi, les ministres de la Défense et de hauts responsables militaires des pays occidentaux apportant une aide militaire à l'Ukraine se réunissent autour du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, à Ramstein en Allemagne.
A la veille de la rencontre, Londres a promis jeudi 600 missiles supplémentaires Brimstone, le Danemark de donner à l'Ukraine ses 19 canons Caesar de fabrication française, et la Suède de livrer des canons automoteurs Archer. Ces systèmes ont tous une portée de plusieurs dizaines de kilomètres mais elle est inférieure à celle réclamée par les Ukrainiens.
Avantage russe
Le Royaume-Uni avait déjà promis 14 chars lourds Challenger 2 et la Pologne se dit prête à envoyer 14 chars Léopard 2 de fabrication allemande, un total qui reste loin des centaines de ces véhicules dont l'Ukraine dit avoir besoin pour lancer des offensives dans l'Est et le Sud.
De leur côté, les forces russes, appuyées par le groupe paramilitaire privé Wagner, redoublent d'efforts pour prendre Bakhmout, ville de la région de Donetsk qui fait l'objet d'une bataille sanglante depuis des mois.
Au cours des 15 derniers jours, les combattants russes ont gagné un peu de terrain, prenant une large partie de la cité voisine de Soledar.
Tout au long de l'automne, grâce aux armements occidentaux notamment, l'Ukraine avait infligé une série de revers aux forces du Kremlin, reprenant le Nord-Est et une partie du Sud du pays.
En Ukraine, l'enquête se poursuivait au lendemain d'un crash d'hélicoptère près de Kiev qui a coûté la vie au ministre de l'Intérieur ukrainien Denys Monastyrsky et à au moins 13 autres personnes.