Le président de la République de Türkiye, Recep Tayyip Erdoğan (D). Crédit photo: FREDERICK FLORIN / AFP / LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
Les chefs de la diplomatie des Vingt-Sept discutent jeudi d'un possible renforcement de leurs relations avec la Türkiye, à Bruxelles.
Ankara veut
"relancer les négociations pour l'adhésion et placer la question en haut de son approche politique avec nous, c'est une bonne nouvelle"
, a souligné le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borell avant le début de la réunion à Bruxelles.
Après la réélection fin mai du président turc Recep Tayyip Erdoğan pour un troisième mandat,
"c'est le moment de mener une réflexion stratégique"
sur la coopération
"avec un voisin qui n'est pas facile, mais reste un acteur mondial stratégiquement important dans notre voisinage direct"
, a souligné la ministre allemande Annalena Baerbock.
Prévu de longue date, ce débat est d'un intérêt accru après le sommet de l'Otan la semaine dernière à Vilnius, où Erdoğan a créé la surprise en conditionnant son feu vert à l'intégration de la Suède dans l'Alliance à la relance des pourparlers d'adhésion de la Türkiye à l'UE, au point mort depuis plusieurs années.
Il a finalement levé son veto à l'adhésion de Stockholm à l'Otan, tout en prévenant qu'il n'y aurait pas de ratification avant octobre au plus tôt. En contrepartie, les Européens ont ouvert la voie à un réchauffement des liens avec Ankara.
La Suède a notamment accepté de
les efforts visant à redynamiser le processus d'adhésion à l'UE, tout en contribuant à la modernisation de l'union douanière et à la libéralisation des visas, selon le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg.
Deux dossiers cruciaux aux yeux d'Ankara: mis en oeuvre depuis 1995, l'accord d'union douanière Türkiye-UE pourrait être adapté pour favoriser davantage d'échanges commerciaux, tandis qu'une éventuelle libéralisation des visas assouplirait les conditions d'entrée des ressortissants turcs dans l'UE.
Certes, le statut de candidat accordé l'an dernier à l'Ukraine
"a créé une nouvelle dynamique dans le voisinage de l'Union"
, en particulier pour les Balkans, et
"tôt ou tard la Türkiye entrera dans le jeu"
, a estimé Borrell.
Mais les négociations pour l'adhésion de la Türkiye, démarrées en 2005, sont profondément enlisées, au point que l'UE les a déclarées en 2018
en raison d'une politique jugée contraire aux intérêts de l'UE.
Les relations s'étaient très fortement tendues notamment après la tentative manquée de putsch de juillet 2016 par l'organisation terroriste fetullahiste (FETÖ).
Reste que les crises géopolitiques font de la Türkiye un partenaire incontournable.
Après la crise migratoire de 2015, les pays de l'UE avaient conclu avec Ankara un accord visant à juguler les arrivées de migrants vers l'Europe, moyennant une lourde contrepartie financière - une partie des 6 milliards d'euros alors promis doit encore être fournie.
Par ailleurs, si la Türkiye est accusée de contourner les sanctions occidentales contre Moscou suite à l'invasion de l'Ukraine, elle avait également joué l'an dernier les médiateurs pour débloquer les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire.
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