L'Allemagne prête à autoriser la vente d'Eurofighter à l'Arabie saoudite

La rédaction
18:048/01/2024, Pazartesi
MAJ: 8/01/2024, Pazartesi
AFP
Un avion de combat Eurofighter Typhoon de l'armée de l'air allemande participant à un exercice de l'OTAN dans le cadre de la mission de police de l'air de l'OTAN, dans l'espace aérien souverain des membres de l'Alliance, le 4 juillet 2023.
Crédit Photo : JOHN THYS / AFP(Archive)
Un avion de combat Eurofighter Typhoon de l'armée de l'air allemande participant à un exercice de l'OTAN dans le cadre de la mission de police de l'air de l'OTAN, dans l'espace aérien souverain des membres de l'Alliance, le 4 juillet 2023.

Le gouvernement du chancelier Olaf Scholz a défendu lundi son projet de lever un veto de longue date sur les ventes d'avions Eurofighter à l'Arabie saoudite, affirmant que Ryad avait adopté une "approche constructive" dans la guerre à Gaza.

Cet embargo irritait depuis plusieurs années les partenaires de Berlin en Europe. L'Eurofighter est un programme conduit par le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, rassemblant les industriels BAE Systems, Airbus et Leonardo.


Mais le revirement d'Olaf Scholz suscite des critiques politiques en Allemagne où les exportations d'armes sont un sujet sensible.

C'est la cheffe de la diplomatie allemande qui, lors d'un déplacement en Israël, a annoncé dimanche la volte-face sur les livraisons à Ryad.


Annalena Baerbock a déclaré:


Nous ne nous voyons pas, en tant que gouvernement fédéral allemand, nous opposer aux considérations britanniques sur d'autres Eurofighter.

Le veto allemand bloque depuis 2018 une pré-commande géante de 48 Eurofighter Typhoon, signée à Londres lors d'une visite du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

L'Allemagne a gelé les ventes d'armes à Ryad depuis l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi fin 2018, imputé au prince héritier saoudien notamment par le renseignement américain.


Sécurité au Moyen-Orient


Comme l'avait fait la cheffe de la diplomatie la veille, le porte-parole d'Olaf Scholz a invoqué l'évolution de la situation au Moyen-Orient depuis l'offensive surprise transfrontalière du Hamas le 7 octobre.


"C'est un secret de polichinelle, l'armée de l'air saoudienne a également utilisé des Eurofighters pour abattre des missiles des Houthis ciblant Israël, et c'est à la lumière de tous ces développements qu'il faut considérer la position du gouvernement"
, a déclaré Steffen Hebestreit à Berlin lundi. Et d'ajouter:

L'Arabie saoudite a adopté une attitude très constructive à l'égard d'Israël.

Mme Baerbock a souligné que l'Arabie saoudite et Israël n'avaient
"pas renoncé à leur politique de normalisation"
après l'attaque du 7 octobre. Et d'estimer:

L'Arabie saoudite contribue de manière déterminante à la sécurité d'Israël, même ces jours-ci.

"Et elle (l'Arabie saoudite) contribue à endiguer le risque d'une conflagration régionale"
, a-t-elle continué.

L'embargo allemand décidé sous le mandat de l'ex-chancelière conservatrice Angela Merkel a été ancré dans le contrat de la coalition SPD-Verts-libéraux d'Olaf Scholz. Et les écologistes - parti de Mme Baerbock - étaient particulièrement fermes du fait, également, du rôle de l'Arabie Saoudite dans la guerre au Yémen.


Dimanche, Mme Baerbock a justifié:


Le monde, en particulier ici au Moyen-Orient, est devenu un endroit complètement différent depuis le 7 octobre.

L'Arabie saoudite
"soutient depuis bientôt trois ans, conjointement avec les Nations unies, les efforts visant à mettre fin au conflit"
au Yemen, a ajouté lundi un porte-parole de son ministère.

Garanties durables


Interrogé sur les conséquences effectives de son revirement, le gouvernement allemand a indiqué qu'il revenait à l'Arabie Saoudite et au Royaume-Uni de concrétiser leurs engagements contractuels.


La volte-face de Berlin risque toutefois d'ouvrir un nouveau front politique pour la coalition au pouvoir. Pour la coprésidente des Verts, Ricarda Lang, vendre ces avions était et reste
"une erreur".

La question pourrait également diviser les sociaux-démocrates d'Olaf Scholz.


Les partenaires de Berlin devraient y voir au contraire un pas en avant. Le ton était de nouveau monté récemment contre ce veto, le président d'Airbus, Guillaume Faury, estimant que cette attitude entachait la
"crédibilité"
de l'Allemagne en matière de coopération industrielle.

S'y ajoute la crainte que ces résistances concernant l'Eurofighter Typhoon puissent se reproduire pour exporter à l'avenir le futur avion de combat Scaf, programme rassemblant Paris, Berlin et Madrid censé succéder aux Rafale et Eurofigher à l'horizon 2040.


Au-delà du cas saoudien, les industriels français souhaiteraient donc de la part de Berlin, des garanties durables sur ses règles d'exportation lorsqu'il s'agit de programmes communs.  


La Türkiye souhaite de son côté acquérir 40 Eurofighter.
"Le Royaume-Uni et l'Espagne ont dit oui, maintenant nous essayons de convaincre l'Allemagne"
, avait déclaré le ministre turc de la Défense Yasar Guler mi-novembre.

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