Italie: Salvini comparaît pour avoir bloqué en mer un bateau de migrants en 2019

12:5912/01/2024, vendredi
MAJ: 12/01/2024, vendredi
AFP
Le vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini.
Crédit Photo : ATTILA KISBENEDEK / AFP
Le vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini.

Le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini est arrivé vendredi matin au tribunal de Palerme (Sicile) pour être entendu dans un procès qui doit déterminer s'il a empêché illégalement le débarquement de migrants dans un port lorsqu'il était ministre de l'Intérieur d'un précédent gouvernement.

Salvini, chef de la Ligue (parti antimigrants) et allié de la Première ministre Giorgia Meloni, rejette fermement les accusations de privation de liberté et d'abus de pouvoir pesant contre lui pour des faits remontant à août 2019.


Dans ce procès qui a débuté en octobre 2021, il est accusé d'avoir utilisé sa position de ministre pour bloquer 147 migrants en mer, refusant de les laisser débarquer d'un navire de sauvetage de l'ONG espagnole Open Arms alors que leur état de santé se dégradait rapidement.

Il encourt jusqu'à 15 ans de prison pour
"séquestration",
avec la circonstance aggravante que des mineurs se trouvaient à bord du navire.

Connu pour ses positions populistes mettant
"les Italiens d'abord"
, Matteo Salvini, 50 ans, a utilisé à de multiples reprises les attaques contre les migrants pour renforcer son capital politique.

"Je suis ici au tribunal de Palerme, prêt à prendre la parole au procès".

Je risque 15 ans de prison pour avoir en tant que ministre de l'Intérieur défendu la sécurité et les frontières de mon pays.

"La tête haute et orgueilleux de ce que j'ai fait"
, a-t-il affirmé dans un message publié vendredi sur X.

Le vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini.

En 2019, alors qu'il faisait partie du gouvernement de coalition de Giuseppe Conte, il avait imposé la fermeture des ports italiens aux navires d'ONG secourant les migrants qui entreprennent la traversée périlleuse de la Méditerranée depuis les côtes africaines.

M. Salvini avait justifié cette politique par des raisons de sécurité, affirmant qu'il s'agissait de lutter contre les passeurs organisant le transport à prix d'or des migrants sur des embarcations surchargées et non sécurisées.


Selon lui, la décision d'empêcher le bateau d'Open Arms d'accoster avait été prise avec l'accord de l'ensemble du gouvernement, dont Giuseppe Conte.


Dénonçant un procès politique, il a au cours des précédentes audiences pris des selfies devant le banc des accusés et posté des messages patriotiques sur les réseaux sociaux.


Au cours de l'audience de vendredi, M. Salvini prendra la parole pour la première fois devant le tribunal.


"Aucune base juridique"


Le bateau d'Open Arms avait été bloqué en mer pendant près de trois semaines. Les migrants avaient été finalement autorisés par une décision de justice à débarquer à Lampedusa, une petite île italienne située au large de la Tunisie.


Lors de leurs témoignages, des membres d'Open Arms ont expliqué que la santé physique et mentale des migrants était en péril, avec des conditions sanitaires dégradées et notamment une épidémie de gale.


Certains d'entre eux, désespérés, se sont même jetés à la mer, faisant la Une des médias internationaux et suscitant l'indignation d'associations humanitaires contre la décision de Rome.

Ces événements s'étaient déroulés dans un climat de crise politique, après le retrait par Salvini de son soutien au gouvernement de l'époque pour tenter de provoquer de nouvelles élections qu'il espérait remporter.


Mais Giuseppe Conte était finalement parvenu à mettre sur pied une nouvelle coalition sans la Ligue, et en 2020 le Sénat avait voté la levée de l'immunité parlementaire de l'ex-ministre, ouvrant la voie à son renvoi devant un tribunal.


Dans une autre affaire, M. Salvini était accusé d'avoir refusé en juillet 2019 d'autoriser le débarquement de 116 migrants d'un navire des garde-côtes italiens. Un tribunal de Catane a prononcé un non-lieu en 2021.

Dans le dossier Open Arms, M. Conte a affirmé devant le tribunal avoir appelé à l'évacuation des mineurs non accompagnés et exercé un pression
"morale"
sur M. Salvini pour qu'il cède.

La défense devrait présenter ses conclusions le mois prochain.


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