Crédit Photo : BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
Le président américain Joe Biden (G) et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu lors d'une réunion du cabinet de guerre israélien à Tel Aviv, le 18 octobre 2023.
Le ton se durcit depuis des semaines. Mais en jugeant "excessive" la riposte israélienne à Gaza, Joe Biden a mis les pieds dans le plat, au moment où la communauté internationale craint une offensive majeure à Rafah.
C'est la critique la plus ferme exprimée par le président américain vis-à-vis de son allié israélien depuis le début en octobre de la guerre dans la Bande de Gaza, même si la Maison Blanche s'est efforcée vendredi d'en minimiser la portée.
Elle traduit une fracture croissante entre le président démocrate et le gouvernement de coalition de BenYamin Netanyahu, dont font partie des ministres d'extrême droite.
Les observateurs s'accordent pour dire que cela ne devrait pas affecter les milliards de dollars d'aide militaire américaine à Israël - une nouvelle enveloppe de 14 milliards de dollars est à l'examen au Congrès.
Mais les responsables américains ne cachent plus leur frustration quant à la manière dont Israël conduit la guerre qui est entrée dans son cinquième mois.
"Je pense, comme vous le savez, que la riposte à Gaza, dans la Bande de Gaza, a été excessive"
, a affirmé le président américain jeudi soir lors d'un échange impromptu avec des journalistes à la Maison Blanche.
"Il y a beaucoup d'innocents qui meurent de faim, beaucoup d'innocents qui sont en difficulté, qui meurent, et il faut que cela cesse"
, a-t-il ajouté, en soulignant faire pression
"très fort, très très fort, pour que l'aide humanitaire arrive jusqu'à Gaza"
.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre quand le Hamas, infiltrés depuis la Bande de Gaza, où le mouvement a pris le pouvoir en 2007, ont mené dans le sud d'Israël une attaque qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël a lancé une offensive qui a fait plus de 27.940 morts dans le territoire palestinien, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.
Joe Biden avait déjà qualifié d'
la réponse du Hamas à un plan visant à une nouvelle trêve à Gaza en échange de la libération des otages qui y sont encore retenus. Son commentaire intervient alors que le Premier ministre israélien a ordonné à l'armée de
une offensive sur Rafah, dernier refuge des déplacés de la guerre dans la Bande de Gaza.
A Washington, des responsables américains ont dit ne pas avoir vu de préparatifs suggérant une
ou
, tout en mettant en garde contre un
, craignant un scénario similaire à celui qui s'est déroulé dans le Nord.
La porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean Pierre, a souligné vendredi que M. Biden n'avait pas
Reste que l'administration Biden hausse visiblement le ton et le montre. En prenant, par exemple, au grand dam du gouvernement israélien, des sanctions contre des colons extrémistes en Cisjordanie occupée, où les violences sont
selon le président américain.
La position américaine oscille entre d'une part afficher un soutien au droit d'Israël à se défendre et de l'autre appeler à protéger les civils, sans cependant soutenir un cessez-le-feu durable.
Dans le même temps, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, tout juste rentré d'Israël jeudi après une cinquième tournée dans la région, se démène pour tenter de jeter les bases de l'après-guerre, assortie d'une Autorité palestinienne réformée et d'une
envers la création d'un État palestinien, ainsi que d'une possible normalisation des relations entre Israël et l'Arabie saoudite.
A ce stade, ses efforts sont rejetés par Israël, au moins publiquement.
Colère dans les pays arabes
Le président démocrate, qui est en campagne pour un second mandat en novembre, est clairement sous pression, à l'étranger comme à domicile.
Il fait face à la colère dans les pays arabes où, selon un sondage publié jeudi, une majorité écrasante (82%) de personnes jugent
le soutien des États-Unis à Israël.
Et 81% estiment que les États-Unis ne sont pas vraiment
sur la création d'un État palestinien, selon ce sondage du Arab Center Washington, réalisé entre le 12 décembre et le 5 janvier auprès d'un échantillon représentatif de 8.000 personnes dans 16 pays arabes.
A domicile, l'aile progressiste du Parti démocrate s'offusque d'une politique jugée trop pro-israélienne, contre laquelle les Américains d'origine arabe sont vent debout.
Joe Biden est désormais confronté, lors de toutes ses apparitions publiques ou presque, à des manifestants qui agitent des drapeaux palestiniens et entonnent des slogans contre
("Genocide Joe").
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