Au cours de l'audience en novembre, l'accusation a requis un an de prison avec sursis à l'encontre de cette ancienne star du barreau, soupçonnée d'avoir profité de ses fonctions de ministre pour régler ses comptes avec quatre magistrats qu'il avait critiqués du temps où il était avocat.
Nommé au gouvernement à la surprise générale à l'été 2020, l'ex-pénaliste de 62 ans, personnalité éruptive et clivante, a toujours clamé son innocence dans cette affaire déclenchée par une plainte sans précédent des syndicats de magistrats à la fin 2020.
Cette juridiction controversée, composée de trois magistrats professionnels et de 12 parlementaires de tous bords, a longtemps été accusée de faire preuve de clémence à l'égard des dirigeants politiques qu'elle a jugés.
Jusqu'à présent et malgré l'enquête et le procès devant la CJR, le président français Emmanuel Macron lui a maintenu sa confiance et s'est refusé à exiger sa démission, nonobstant l'émoi suscité par cette affaire dans la magistrature.
En 2021, ce n'est ainsi qu'après sa condamnation à six mois de prison avec sursis que le ministre délégué aux Petites et moyennes entreprises Alain Griset avait été contraint de démissionner.
Une condamnation serait par ailleurs embarrassante alors qu'un autre membre du gouvernement, le ministre du Travail Olivier Dussopt, est actuellement jugé à Paris pour une affaire de favoritisme remontant à son mandat d'élu local à la fin des années 2000.
L'affaire Dupond-Moretti débute fin juin 2020, en marge d'une affaire de corruption visant l'ancien président Nicolas Sarkozy.
L'hebdomadaire Le Point révèle que des magistrats du Parquet national financier (PNF) ont fait éplucher des factures téléphoniques détaillées de plusieurs avocats, dont Éric Dupond-Moretti, pour débusquer une éventuelle taupe qui aurait informé M. Sarkozy qu'il étaient sur écoute.
Une fois nommé au gouvernement, il ordonne une enquête administrative contre trois magistrats du PNF après réception d'un rapport commandé par sa prédécesseure sur ce parquet redouté en France.