L'intelligence artificielle a déjà commencé à transformer le monde des livres audio, avec la capacité de créer des enregistrements à la chaîne sans utiliser à chaque fois un narrateur humain, une évolution qui inquiète les professionnels de la voix, dont l'activité se contracte.
Tanya Eby pose sa voix sur des textes depuis vingt ans, à temps plein. En six mois, son carnet de commandes a fondu de moitié et beaucoup de ses collègues ont également vu leur activité ralentir.
Je pense que c'est le plan pour l'avenir: remplacer les employés afin de couper les coûts.
Il n'existe pas de label IA identifié, mais selon plusieurs professionnels du milieu, des milliers de livres audio conçus à partir d'une banque de données vocales circulent déjà sur le marché.
Cette petite société basée à Londres puise dans une base qu'elle a créée en enregistrant les voix de plusieurs acteurs, à qui l'on a demandé d'exprimer un registre d'émotions différentes.
Nous payons pour les enregistrements, (...) et nous versons des royalties à chaque fois que nous utilisons la voix pour un projet.
Toutes les sociétés contactées par l'AFP se défendent de telles pratiques.
La start-up texane Speechki propose, outre le recours à ses propres enregistrements, de se servir de voix tirées de banques de données existantes, explique le directeur général Dima Abramov. Cette seconde option passe par la signature d'un contrat qui comprend les droits d'utilisation, précise-t-il.
Lien émotionnel
Sollicitées sur le sujet, les cinq grandes maisons d'édition du marché américain n'ont pas donné suite.
Très investis dans l'intelligence artificielle, les géants technologiques sont impliqués dans l'économie bourgeonnante des livres audios générés par logiciel.
Cette croissance du marché va aussi bénéficier aux acteurs vocaux, affirme-t-il.
Ils feront plus d'enregistrements et gagneront plus d'argent.
La narration devrait rester entièrement humaine.