Incendies en Amazonie: pollution record au Brésil

15:2110/09/2024, mardi
AFP
Le soleil se couche à Brasilia, au Brésil, au milieu de la fumée des incendies de forêt dans les États du nord et du centre-ouest, le 9 septembre 2024.
Crédit Photo : EVARISTO SA / AFP
Le soleil se couche à Brasilia, au Brésil, au milieu de la fumée des incendies de forêt dans les États du nord et du centre-ouest, le 9 septembre 2024.

Qualité de l'air en berne à Sao Paulo et Rio de Janeiro, coucher de soleil rouge orangé à cause de la pollution: la fumée des intenses feux de forêt en Amazonie et dans d'autres régions se répand au Brésil, atteignant même les pays voisins.

Près de cinq millions de km² ont été touchés par la fumée au Brésil, soit environ 60 % du territoire, selon les estimations de Karla Longo, chercheuse à l'Institut national de recherches spatiales (Inpe), à partir d'images satellite.


"Si l'on prend en compte les zones touchées dans les pays voisins et dans l'océan Atlantique, la superficie atteinte dimanche était de l'ordre de dix millions de km²",
a précisé la chercheuse.

Les autorités argentines et uruguayennes ont signalé la présence de cette fumée dans plusieurs de leurs régions.


Sao Paulo (sud-est du Brésil), plus grande ville d'Amérique latine, s'est classée lundi à plusieurs reprises en tête des grandes métropoles les plus polluées du monde, selon la société de surveillance de la qualité de l'air IQAir.

Le taux de particules fines (PM2,5) a atteint 69 microgrammes par mètre cube, soit près de 14 fois la limite recommandée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).


"L'air est très sec, très pollué. On respire à peine, c'est suffocant"
, déplore Ieda Bandeira, pâtissière de 76 ans, qui affirme
"boire beaucoup d'eau et mettre des vêtements mouillés aux fenêtres"
pour atténuer la sécheresse.

Problèmes respiratoires


La situation est également préoccupante à Rio de Janeiro, où le taux de particules fines s'élève à 26 microgrammes par mètre cube, soit plus de cinq fois le seuil recommandé par l'OMS.


Dans de nombreuses villes brésiliennes, les autorités sanitaires signalent une forte augmentation des cas de problèmes respiratoires, incluant crises d'asthme, pneumonies ou sinusites.


"Tous les jours, dans l'après-midi, le soleil devient orange et le ciel est très sombre à cause de la fumée"
, raconte Jaqueline Almeida, 23 ans, habitante de Sao Paulo.

Ces incendies, pour la plupart d'origine criminelle selon les autorités, sont souvent liés à l'activité agricole. Ils se propagent plus facilement en raison d'une sécheresse historique, exacerbée par le réchauffement climatique, selon les experts.


Fumée transportée par le vent


Des images satellite de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) montraient clairement lundi un épais nuage de fumée grise longeant la cordillère des Andes vers le sud du continent.


Ce phénomène est dû au
"vent qui canalise la fumée vers le sud"
, explique Estael Sias, météorologiste chez Metsul, une société de prévisions météorologiques.

Habituellement, ce phénomène favorise la formation de
"rivières volantes"
, qui transportent l'humidité de l'Amazonie vers le sud. Mais en raison de la sécheresse prolongée et des incendies, au lieu des précipitations,
"la trajectoire du vent transporte de la fumée dans plusieurs régions du Brésil"
.

"L'air est déjà de mauvaise qualité à cause de la sécheresse, mais la fumée aggrave la situation en apportant des nanoparticules de suie"
, ajoute la spécialiste.

Selon les données de l'INPE, le nombre de foyers d'incendies en Amazonie depuis le début de l'année a presque doublé par rapport à la même période en 2023.


D'autres régions du Brésil sont également ravagées par des feux de végétation dévastateurs ces derniers jours, notamment dans le Parc national de la Chapada dos Veadeiros, à environ 250 km au nord de Brasilia, où plus de 10 000 hectares sont partis en fumée.


Un coucher de soleil rouge orangé


Autre conséquence de la fumée des incendies: dans de nombreuses régions du Brésil, le coucher de soleil a pris des teintes rouge orangé.


"Au moment du coucher du soleil, les rayons traversent des nanoparticules invisibles à l'œil nu qui leur donnent ce ton rouge orangé"
, explique Estael Sias.

Selon elle, la fumée ne devrait pas se dissiper
"sans des précipitations régulières",
qui ne sont pas attendues
"avant octobre ou novembre".

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