Le Tchad et le Sénégal dénoncent et démentent les propos d'Emmanuel Macron

La rédaction
09:557/01/2025, mardi
MAJ: 7/01/2025, mardi
AFP
Le Tchad et le Sénégal critiquent Emmanuel Macron après ses propos sur le manque de reconnaissance des dirigeants africains envers la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Crédit Photo : Média X / Archive
Le Tchad et le Sénégal critiquent Emmanuel Macron après ses propos sur le manque de reconnaissance des dirigeants africains envers la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Le Tchad a dénoncé lundi "l'attitude méprisante" du président français Emmanuel Macron, qui a affirmé que les dirigeants africains avaient "oublié de dire merci" à la France pour son rôle dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, des propos également condamnés par le Sénégal.

Le gouvernement tchadien a exprimé sa
"vive préoccupation suite aux propos tenus récemment par le Président de la République française, Emmanuel Macron, qui reflètent une attitude méprisante à l'égard de l'Afrique et des Africains",
selon un communiqué du ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, lu à la télévision d'État lundi soir.

Le Tchad a rompu fin novembre les accords militaires qui le liaient à l'ancienne puissance coloniale. M. Koulamallah a précisé
"qu'il n'a aucun problème avec la France"
tout en soulignant que
"les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain".

Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a également contesté lundi que le retrait des soldats français de son pays ait fait l'objet de négociations entre Paris et Dakar. Il a fermement réfuté les propos d'Emmanuel Macron sur l'engagement militaire français en Afrique.


M. Sonko a qualifié sur les réseaux sociaux de
"totalement erronée"
l'affirmation selon laquelle le départ des soldats français résulterait d'une initiative de Paris qui aurait permis aux pays concernés d'annoncer ces retraits.

"Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain,"
a ajouté le Premier Ministre sénégalais.

Emmanuel Macron a déclaré lundi:
"La France a eu raison d'intervenir militairement au Sahel contre le terrorisme depuis 2013, mais les dirigeants africains ont oublié de nous dire merci".

Il a ajouté, avec ironie:


Ce n'est pas grave, ça viendra avec le temps.

Ces propos ont été tenus lors de la réunion annuelle des ambassadeurs de France.


Dans son communiqué, Abderaman Koulamallah a rappelé le
"rôle déterminant"
de l'Afrique et du Tchad dans la libération de la France lors des deux guerres mondiales, des sacrifices
"jamais véritablement reconnus".
Il a également critiqué
"les intérêts stratégiques propres"
de la France, jugés insuffisants pour le développement durable du peuple tchadien.

"Véritable indépendance"


"Le peuple tchadien aspire à une souveraineté pleine et entière, à une véritable indépendance, et à la construction d'un État fort et autonome"
, a ajouté M. Koulamallah.

Le Tchad avait annoncé le 28 novembre la fin de son accord militaire avec Paris, mettant un terme à 60 ans de coopération militaire depuis la fin de la colonisation. Les opérations de retrait de l'armée française ont débuté en décembre.


Le Tchad constituait le dernier point d'ancrage de la France au Sahel, avec environ un millier de soldats principalement stationnés au camp Kossei à N'Djamena. Des troupes françaises y étaient présentes depuis 1960 pour former et entraîner les militaires tchadiens. L'opération Barkhane, visant à lutter contre le terrorisme au Sahel, a pris fin en novembre 2022.

Entre 2022 et 2023, plusieurs anciennes colonies françaises, dont le Niger, le Mali, la Centrafrique et le Burkina Faso, ont demandé à Paris de retirer ses troupes. Ces pays se sont parallèlement rapprochés de Moscou.


En décembre dernier, le Sénégal et le Tchad ont à leur tour officialisé le départ des militaires français. En janvier, la Côte d'Ivoire a également annoncé la rétrocession de la base de Port-Bouet à Abidjan.

Le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 2021, a qualifié ces accords de
"complètement obsolètes"
face
"aux réalités politiques et géostratégiques de notre temps".

Mahamat Idriss Déby avait succédé à son père, Idriss Déby, mort en 2021 lors d'une offensive rebelle. En 2008 et 2019, l'armée française avait aidé Déby père à repousser ces offensives.


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