Le Congrès américain a adopté samedi un texte visant à financer l'État fédéral jusqu'à septembre et à éviter à la première puissance économique mondiale de glisser dans un "shutdown", la paralysie de ses services publics.
Les sénateurs n'ont pas approuvé ce texte avant l'échéance fatidique de minuit vendredi, censée déclencher cette paralysie. Mais les élus ont fini par se mettre d'accord sur l’adoption finale de cette loi de finances de 1.200 milliards de dollars.
Une année de pagaille
Plus qu’un grand danger pour les États-Unis, ces rebondissements de dernière minute illustrent la pagaille qui règne au Congrès américain.
Vendredi matin, le vote du budget de l'État fédéral à la Chambre des représentants, qui devait elle aussi approuver ce texte, a d'ailleurs été le théâtre de rebondissements spectaculaires.
Quelques minutes après le vote, l'élue Marjorie Taylor Greene, proche de Donald Trump, a déclaré avoir déposé une motion pour évincer le dirigeant de l'institution, le républicain Mike Johnson, qu'elle a accusé de "trahison".
Ce coup de théâtre a aussi un air de déjà vu.
L'ancien "speaker" de la Chambre, Kevin McCarthy, avait été destitué il y a seulement quelques mois dans un scénario très similaire.
La tension qui règne autour de l'adoption de ces lois de finances est telle que les États-Unis ne sont pas parvenus jusqu'ici à adopter un quelconque budget pour 2024 -- une situation à laquelle aucune autre grande économie mondiale n'est confrontée.
Ils ont à la place fonctionné durant des mois via l'adoption de mini-budgets, expirant au bout de quelques semaines, un casse-tête pour les ministères américains.
Fonds coupés pour l'UNRWA
S'il est bien adopté, le projet de loi débattu cette semaine prolongera le budget américain jusqu'à la fin de l'exercice financier, soit le 30 septembre.
Ce texte de 1.012 pages, fruit de tractations très acrimonieuses, contient des mesures qui auraient de fortes répercussions à l'étranger.
Le projet de loi contient aussi des centaines de millions de dollars pour Taïwan, mais ne débloque aucun financement pour l'Ukraine, l'enveloppe pour Kiev faisant l'objet de négociations séparées.
Le texte débattu vendredi contient aussi plusieurs mesures liées à l'immigration, un sujet explosif en pleine campagne présidentielle, et une litanie de dispositions pas forcément liées au budget.
Comme par exemple l'interdiction aux ambassades américaines de faire flotter le drapeau arc-en-ciel, étendard de la communauté LGBT+, contrairement à ce que certaines d'entre elles avaient coutume de faire à l'occasion du "mois des fiertés".
Un texte adopté le 9 mars avait déjà permis de boucler une autre partie du budget de 2024.