Le 24 avril 2022, le président de la République était réélu, à 44 ans, en battant au second tour la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, comme cinq ans plus tôt. Un exploit sous la Ve République, hors période de cohabitation, de la part de celui qui avait créé la surprise en 2017 avec un positionnement central censé dynamiter les vieux clivages politiques.
Mais ce second mandat, qui sera son dernier conformément à la Constitution, a immédiatement manqué de souffle. La campagne avait été atrophiée par la guerre en Ukraine, puis les législatives l'ont privé de majorité absolue à l'Assemblée nationale. Pour finir, la très contestée réforme des retraites, qui relève à 64 ans l'âge de départ, a phagocyté le débat et déclenché une crise politique et sociale d'ampleur.
Et tout compte fait, pendant un temps, ça a plutôt réussi.
L'exécutif rappelle à l'envi qu'avant la retraite à 64 ans, finalement imposée sans vote grâce au très controversé article 49.3 de la Constitution, plus de vingt autres textes sont passés, avec des voix à droite et parfois à gauche des énergies renouvelables au nucléaire en passant par le pouvoir d'achat.
Emmanuel Macron souligne, tout en valorisant son "bilan de six ans".
On avance à marche forcée.
C'est la grande frustration de la Macronie: la colère qui s'exprime bruyamment semble faire passer à la trappe ses "succès": un chômage en baisse, un début de réindustrialisation du pays, ou les boucliers pour protéger partiellement les Français face à l'envolée des prix.
De fait, Emmanuel Macron est très impopulaire. Il flirte avec ses plus bas niveaux atteints au début de la crise des "gilets jaunes", ce mouvement de contestation qui avait éclos fin 2018 sur fond de grogne autour du prix des carburants.
Car l'exécutif n'a pas résolu l'équation parlementaire.
La Première ministre Elisabeth Borne n'a pas réussi à "élargir" la majorité à l'Assemblée. Mais faute d'alternative, selon de nombreuses sources macronistes, Emmanuel Macron a décidé pour l'instant de la confirmer à Matignon, tout en lui renouvelant sa confiance du bout des lèvres.
En sursis, la Première ministre doit présenter mercredi sa feuille de route, mais ne sait pas vraiment, à ce stade, comment faire adopter les textes les plus clivants, à commencer par celui sur l'immigration.