Un an après sa réélection, Emmanuel Macron espère un nouveau départ

12:3522/04/2023, samedi
AFP
Emmanuel Macron, Président de la République française. Crédit photo: Daniel Cole / POOL / AFP
Emmanuel Macron, Président de la République française. Crédit photo: Daniel Cole / POOL / AFP

Est-ce le premier anniversaire de sa réélection, ou le vrai début du second quinquennat après un faux départ? En décrétant une période de cent jours pour se relancer, le président français Emmanuel Macron a comme acté l'impasse politique dont il peine à s'extirper.

Le 24 avril 2022, le président de la République était réélu, à 44 ans, en battant au second tour la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, comme cinq ans plus tôt. Un exploit sous la Ve République, hors période de cohabitation, de la part de celui qui avait créé la surprise en 2017 avec un positionnement central censé dynamiter les vieux clivages politiques.


Mais ce second mandat, qui sera son dernier conformément à la Constitution, a immédiatement manqué de souffle. La campagne avait été atrophiée par la guerre en Ukraine, puis les législatives l'ont privé de majorité absolue à l'Assemblée nationale. Pour finir, la très contestée réforme des retraites, qui relève à 64 ans l'âge de départ, a phagocyté le débat et déclenché une crise politique et sociale d'ampleur.


Résultat, un chef de l'Etat qui peine à trouver la martingale pour continuer à réformer et contraint de chercher des majorités au gré des textes.

Et tout compte fait, pendant un temps, ça a plutôt réussi.


L'exécutif rappelle à l'envi qu'avant la retraite à 64 ans, finalement imposée sans vote grâce au très controversé article 49.3 de la Constitution, plus de vingt autres textes sont passés, avec des voix à droite et parfois à gauche des énergies renouvelables au nucléaire en passant par le pouvoir d'achat.


A la petite semaine

Emmanuel Macron souligne, tout en valorisant son "bilan de six ans".


On avance à marche forcée.

C'est la grande frustration de la Macronie: la colère qui s'exprime bruyamment semble faire passer à la trappe ses "succès": un chômage en baisse, un début de réindustrialisation du pays, ou les boucliers pour protéger partiellement les Français face à l'envolée des prix.


De fait, Emmanuel Macron est très impopulaire. Il flirte avec ses plus bas niveaux atteints au début de la crise des "gilets jaunes", ce mouvement de contestation qui avait éclos fin 2018 sur fond de grogne autour du prix des carburants.


"C'est vraiment la réforme des retraites qui a coulé sa popularité"
, constate Céline Bracq, directrice générale de l'institut de sondages Odoxa. Elle a renforcé les traits les plus négatifs de son image, comme ce
"mépris pour les Français"
qui lui est souvent reproché.

Lors d'une allocution lundi pour tenter de solder trois mois de contestation sur les retraites, le chef de l'Etat a annoncé
"cent jours d'apaisement"
et
"d'action",
et donné rendez-vous au 14 juillet, jour de la fête nationale, pour
"un premier bilan"
.

Dans la foulée, après être resté en retrait depuis le début de l'année, il est retourné sur le terrain. En Alsace mercredi, il a été violemment conspué.

Une séquence assumée par l'Elysée comme une séance de "catharsis" collective.

"C'est une étape indispensable pour rouvrir le jeu de cartes"
et
"se redonner un peu d'air"
, estime un proche. L'espoir de ses stratèges:
"que ce soit dur au début" avant "d'aller mieux au fur et à mesure"
, selon la
"théorie du punching-ball qui se redresse après avoir pris un coup".

"Les 100 jours d'Emmanuel Macron, c'est une manière de dire (...) il y a eu un raté au démarrage, on ne s'est pas compris, on remet tout à plat",
estime Philippe Moreau-Chevolet, professeur de communication politique à Sciences-Po.

Selon lui, le président va tenter de
"provoquer une nouveauté par jour",
en allant sur le terrain, en réinvitant les syndicats en mai, dans une sorte d'"ego trip" à double tranchant.

Car l'exécutif n'a pas résolu l'équation parlementaire.


La Première ministre Elisabeth Borne n'a pas réussi à "élargir" la majorité à l'Assemblée. Mais faute d'alternative, selon de nombreuses sources macronistes, Emmanuel Macron a décidé pour l'instant de la confirmer à Matignon, tout en lui renouvelant sa confiance du bout des lèvres.


En sursis, la Première ministre doit présenter mercredi sa feuille de route, mais ne sait pas vraiment, à ce stade, comment faire adopter les textes les plus clivants, à commencer par celui sur l'immigration.


"Toute grande réforme est entravée pour le moment",
prévient Céline Bracq, qui voit le chef de l'Etat
"condamné à faire de la politique à la petite semaine"
, en rupture avec "la promesse initiale du Macronisme".

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