ÉDITION:

Qu'y a-t-il dans les prénoms, au Zimbabwe ? De la vie, de l'amour et des rires

La rédaction
16:0220/08/2023, dimanche
MAJ: 20/08/2023, dimanche
AFP
Des partisans de l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (ZANU-PF) à Shurugwi, le 19 août 2023. Crédit Photo: Zinyange AUNTONY / AFP
Des partisans de l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (ZANU-PF) à Shurugwi, le 19 août 2023. Crédit Photo: Zinyange AUNTONY / AFP

Au Zimbabwe, l'opposition dénonce un registre électoral criblé d'irrégularités, avant les élections présidentielle et législatives de la semaine prochaine. Mais ce que personne ne conteste, c'est l'originalité de nombreux prénoms sur les listes.

Le fichier électoral n'a pas encore été rendu public mais sans nul doute, Hardlife (Vie difficile), LoveJoy (AmourJoie), Wisdom (Sagesse) ou encore Nomatter (Peu importe) y figureront.


Les Zimbabwéens choisissent souvent pour leurs enfants des prénoms tout droit inspirés d'événements liés à la grossesse ou aux trajectoires de vie des parents.


Ainsi, Pride (Fierté) Ndlovu, 32 ans, agent de sécurité dans un centre commercial de Johannesburg en Afrique du sud, explique que si ses parents ne lui ont jamais expliqué le choix de son prénom, ils lui ont fait comprendre qu'une certaine harmonie dans leur couple au moment de sa conception n'y était pas étrangère. Son frère n'est pas en reste, lui qui a été baptisé Happyson (Fils heureux).


"Dans notre culture, un prénom raconte toute une histoire et les motivations pour donner tel ou tel prénom à un enfant peuvent être une forme d'affirmation de celui qui le choisit",
explique Charles Pfukwa, doyen de la faculté de Sciences sociales de l'université de Bindura, au Zimbabwe.

Accidents de la vie


Dans les premières années ayant suivi l'accession de ce pays d'Afrique australe à l'indépendance, en 1980, les Zimbabwéens ont célébré la fin de la colonisation britannique en donnant des prénoms comme Liberty ou Freedom (Liberté).


Pour d'autre parents, ce sont les accidents de la vie qui déterminent le choix de prénoms comme Godknows (Dieu sait), Nomatter (Peu importe) ou Anyway (En tout cas).


Un père se posant des questions sur la paternité d'un enfant, cela peut expliquer le prénom Doubt (Doute), selon M. Pfukwa.


Memory (Souvenir) Chirere, professeur d'anglais depuis plus de 30 ans, a vu défiler des centaines d'étudiants dans son université. Mais il se souvient avec délice de certains prénoms hors du commun.


"Je me souviens d'étudiants dont le prénom était Comment (Remarque), Eventhough (Même si), Fatness (Graisse), Thinkwell (Réfléchis bien), Atmosphere (Atmosphère), Beatthem (Bats-les), Guarantee (Garantie), Domuch (Fais beaucoup), Laughter (Rire), Attack (Attaque) et Agreement (Accord),"
témoigne-t-il.

"Les premiers jours, les autres étudiants et moi-même trouvions ces prénoms amusants",
ce qui pouvait agacer les principaux concernés.

Mais, ajoute-t-il, ce sont des étudiants que
"vous n'oubliez pas".

"Vous remarquez plus facilement leur absence. Vous avez tendance à leur prêter plus attention. Vous êtes aussi curieux de connaître leurs parents, leur histoire et comment ils se sont retrouvés avec de tels prénoms".

Plutôt Grâce que Souffrance


Dans son ouvrage
"Qu'y a-t-il dans un prénom?" ("What's In A Name?"),
Alec Pongweni explique que le recours à des adjectifs anglais pour les prénoms pourrait tirer son origine de l'emploi traditionnel d'adjectifs en langue shona.

"Jaloux, est probablement né d'un mariage polygame, où la jalousie prédominait au sein des différentes épouses",
écrit-il, tandis que
"Psychology"
a sans doute été choisi
"parce que ça sonne éduqué".

Et dans nombre de cas, ces prénoms insolites trouvent leurs origines dans le milieu socio-économique des parents, ou leurs convictions.


Le footballeur Hardlife (Vie difficile) Zvirekwi raconte que ses parents traversaient une période difficile au moment de sa naissance, eux qui venaient de quitter leur province rurale pour s'installer à Harare.


"La vie n'était pas facile en ville. Mon père, un vendeur de rue, avait du mal à joindre les deux bouts".

"Je doute que mes parents connaissaient le sens de mon prénom lorsque ma mère m'a prénommée Misery"
(Souffrance), explique de son côté Mme Chiwati.

Lorsque son instituteur lui a appris la signification de son prénom, elle l'a changé pour Mutsa: Grâce, en shona.


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