Deux semaines après le naufrage d'une embarcation de migrants au large de la Grèce qui a fait des centaines de disparus, cinq survivants, rencontrés par la presse près d'Athènes, accusent les garde-côtes d'avoir manqué de volonté pour les sauver.
Depuis la tragédie, le gouvernement grec met au contraire la seule responsabilité sur les réseaux de passeurs.
A l'écart des policiers grecs qui contrôlent scrupuleusement l'accès au camp de réfugiés de Malakasa, au nord d'Athènes, Hassan, un réfugié syrien de 26 ans ne cache pas sa colère envers les garde-côtes, dont la lenteur à intervenir, le 14 juin, a été dénoncée par ONG et médias. Et de déplorer:
Je n'avais pas du tout l'impression que les garde-côtes grecs voulaient nous sauver.
Il figure parmi les 104 hommes dont de nombreux Syriens, repêchés par les gardes-côtes, après le naufrage du bateau de pêche.
Au moins 82 personnes sont mortes noyées et des centaines d'autres ont disparu quand ce chalutier parti de Libye à destination de l'Italie a chaviré le 14 juin avant de couler en 15 minutes à 47 milles nautiques de Pylos (sud).
Ce naufrage a soulevé de nombreuses questions sur les responsabilités des autorités grecques.
"Ce n'était pas un accident"
Les garde-côtes n'ont révélé qu'au compte-goutte les conditions du naufrage. Une enquête judiciaire sur les causes de ce drame a été ouverte en Grèce.
Selon les cinq survivants interrogés, des cordes ont été lancées par les gardes-côtes, à deux reprises, vers leur embarcation en détresse pour les tracter. La première fois, la corde a lâché.
Cet exilé, qui par crainte pour sa sécurité a requis, comme les autres, l'anonymat, va jusqu'à accuser les garde-côtes d'avoir agi à dessein:
Ce n'était pas un accident !
Le 13 juin au matin, des passagers de ce bateau vétuste lancent l'alerte auprès de l'ONG Alarm Phone avant que deux bateaux marchands dans la zone leur apportent de l'eau et de la nourriture.
Canots gonflables
Un drone et un hélicoptère survolent l'embarcation, selon les survivants.
Vers 02H00 locales le 14 juin (23H00 GMT), Salim saute dans l'eau après le chavirement du chalutier. Il a encore sa montre embuée au poignet.
Azad, 21 ans, a nagé pendant une heure pour atteindre le bateau des garde-côtes. Et de raconter ému:
Certains qui ne savaient pas nager voulaient s'agripper à nous, il fallait penser à sa survie.