Rio de Janeiro accueille cette semaine un sommet du Mercosur, avec pour toile de fond l'accord de libre-échange avec l'Union européenne, dont la conclusion semble à nouveau s'éloigner, malgré l'objectif affiché de le boucler d'ici la fin de l'année.
Le Brésil, qui assure actuellement la présidence tournante du bloc comptant également l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay, avait bon espoir d'annoncer la finalisation de cet accord lors du sommet, qui se termine jeudi, avec la réunion des chefs d'État.
Mais il n'a toujours pas été finalisé, notamment en raison de réticences apparues côté UE quant aux politiques environnementales du Brésil durant le mandat de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro.
La donne a changé avec le retour au pouvoir en janvier du leader de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui s'affiche en champion de la protection de l'Amazonie.
"Compromis" et "pragmatisme"
En conséquence, Lula a dû admettre pour la première fois que les négociations pourraient ne pas aboutir d'ici la fin du sommet du Mercosur à Rio.
S'il n'y a pas d'accord, c'est comme ça. Ce n'est pas par manque de bonne volonté. Mais qu'on ne dise pas que c'est de la faute du Brésil, de l'Amérique du Sud.
Ultimatum
Mais d'autres obstacles se dressent contre la conclusion de l'accord dès cette semaine, à commencer par la passation de pouvoir en Argentine.
Une source diplomatique brésilienne a confié à l'AFP qu'il était probable que les pays du Mercosur décident d'attendre l'investiture le 10 décembre du président élu argentin, l'ultra-libéral Javier Milei, pour prendre une décision définitive.
L'accord signé en 2019 n'a toujours pas été ratifié en raison de tensions entre les deux blocs, dues notamment à de nouvelles exigences environnementales présentées par les Européens cette année, assorties de sanctions en cas de manquements.
Bruno Binetti, expert de la London School of Economics juge:
L'accord est mort, mais personne ne veut le dire tout haut et l'enterrer.
Le nouveau président du Paraguay, Santiago Peña, a lancé une sorte d'ultimatum: si l'accord avec l'UE n'est pas finalisé d'ici la fin de l'année, il se tournera vers d'autres blocs régionaux quand son pays assurera la présidence tournante du Mercosur, à partir de janvier.