Le Soudan du Sud a annoncé vendredi un nouveau report, de deux ans, des premières élections de sa jeune histoire, censées mettre fin à la période de transition prévue par l'accord de paix de 2018.
L'accord de paix qui a mis fin en 2018 à cinq ans d'une guerre civile meurtrière (400.000 morts et des millions de déplacés) a instauré le principe d'un gouvernement d'union nationale intégrant les deux rivaux qui ont mis le pays à feu et à sang, Salva Kiir et Riek Machar, respectivement aux postes de président et premier vice-président.
Mais le Soudan du Sud, pays de douze millions d'habitants parmi les plus pauvres au monde, reste miné par les luttes de pouvoir, la corruption, les conflits ethniques locaux et les progrès dans des domaines-clefs de l'accord (rédaction d'une constitution, création d'une armée unifiée...) restent minces.
"L'Histoire jugera"
Depuis des années, les partenaires internationaux n'ont cessé d'appeler les autorités de Juba à agir pour que le peuple sud-soudanais puisse élire ses dirigeants pour la première fois de son histoire.
Le président Salva Kiir a à plusieurs reprises assuré de sa volonté de tenir les délais, sans toutefois de progrès notable dans l'organisation des scrutins.
Un Conseil des partis politiques et une commission électorale ont été créés, mais sans action concrète depuis, et les opérations d'inscription sur les listes électorales annoncées pour débuter en juin sont au point mort.
Riek Machar a annoncé en mars qu'il boycotterait tout scrutin tant que les dispositions-clefs de l'accord de paix ne seraient pas effectives.
Pauvreté
Les querelles politiques, les violences communautaires et les calamités climatiques (sécheresse, inondations) maintiennent le pays dans la misère.
Le Soudan du Sud a également perdu sa principales sources de revenus après qu'un oléoduc lui permettant d'exporter son pétrole a été endommagé par les combats au Soudan. Cet incident a fait plonger la monnaie locale.
Le secteur pétrolier contribue pour 90% de ses revenus et représente quasiment l'intégralité des exportations de ce pays enclavé, selon la Banque mondiale.
La manne pétrolière est aussi largement détournée à des fins politiques et d'enrichissement dans ce pays classé parmi les plus corrompus au monde par l'ONG Transparency International (177e sur 180).