Les patrons européens poussent l'UE à l'action avant l'arrivée de Trump

18:2323/11/2024, samedi
MAJ: 23/11/2024, samedi
AFP
Crédit Photo: JULIEN DE ROSA / AFP
Crédit Photo: JULIEN DE ROSA / AFP

Une nouvelle Commission à Bruxelles, plus sensible que la précédente aux questions de compétitivité, et Donald Trump à la Maison Blanche en janvier : pour les grands patronats européens, c'est le moment d'agir, et vite, contre le risque de décrochage économique de l'UE.

Le Medef français, la Confindustria italienne et le BDI allemand ont co-signé vendredi à Paris, lors de la 6ème édition du Forum économique trilatéral France-Allemagne-Italie, un document adressé à la Commission européenne, dans lequel ils détaillent leurs
"quatre priorités"
: compétitivité, simplification, innovation et investissement.


Ainsi, les patronats des trois plus grosses économies européennes réclament des mesures en faveur d'une énergie bon marché, où le nucléaire serait favorisé à égalité avec les autres solutions décarbonées. 

Ou encore la suppression de celles des 13.000 lois votées depuis 2019 par l'UE qui n'ont pas atteint leurs objectifs.


Ils demandent également une hausse à 3% du PIB des investissements en recherche et développement (R&D), ou la mise en place d'un marché unique des capitaux, pour favoriser les investissements dans les technologies d'avenir.

Tout cela doit être mis en œuvre
"dans l'année",
soulignent-ils dans le document, truffé de comparaisons avec les Etats-Unis, systématiquement défavorables à l'UE actuellement : la croissance américaine a atteint 37,5% depuis 2010 contre 20,9% dans l'UE, les investissements européens en R&D représentent 2,2% du PIB contre 3,6% aux États-Unis...

"Les rapports Letta et Draghi doivent nous servir d'électrochoc, la récente élection américaine tout autant",
a résumé le président du Medef Patrick Martin.

L’ex-Premier ministre italien, Enrico Letta, et l'ancien président de la Banque centrale européenne et ancien Premier ministre italien Mario Draghi, ont présenté cette année des rapports alarmants sur la compétitivité du continent, alertant sur un possible
"décrochage"
par rapport aux Etats-Unis ou à la Chine.

"Casserole qui n'a pas bouilli"


Pour le ministre de l’Économie et des Finances Antoine Armand, cette notion de
"décrochage"
est pertinente :
"c'est l'idée d'un avion qui perd de l'altitude mais peut redresser : on a les ingénieurs, les entreprises, les compétences, les savoir-faire, l'investissement",
a-t-il observé.

Dans cette période-charnière,
"nous sommes déterminés à prendre notre destin en main et très rapidement. Qu'on nous laisse la bride sur le cou",
a demandé M. Martin.

Il s'est félicité que de nombreux politiques - le Premier ministre français Michel Barnier, M. Armand et ses homologues allemand et italien, le ministre des Affaires étrangères italien Antonio Tajani et la présidente du Parlement européen Roberta Metsola - aient participé au Forum, jeudi et vendredi.


Une façon, selon M. Martin, de reconnaître que
"rien ne se fera sans les entreprises"
en Europe,
"et que tout pourra se faire par elles".

Michel Barnier, ex-commissaire européen lui-même, a estimé aussi que l'Europe devait
"se réveiller"
et être moins
"naïve"
sur sa politique de concurrence.

Les normes européennes, jugées très lourdes, ont été critiquées unanimement.


Le ministre italien des Entreprises Adolfo Urso a suggéré
"de supprimer deux normes pour chaque norme nouvelle".
Il ne faudrait pas
"construire un monde de l'idéologie qui enlisera la réalité",
a-t-il soutenu, tandis que le président de la Confindustria Emanuele Orsini jugeait que
"la bureaucratie étrangle l'industrie italienne".

Le secrétaire d'Etat allemand à l’Économie et à l'Action climatique Bernhard Kluttig, tout comme la directrice générale du BDI Tanja Gönner, ont insisté sur la nécessité de s'attacher davantage à
"l'innovation"
en Europe, M. Kluttig insistant sur une poursuite des
"transformations verte et numérique". "Mais on a tendance à trop compliquer les choses, à réglementer dans les plus petits détails",
a-t-il regretté.

M. Armand a souligné que l'UE avait créé la
"première régulation au monde de l'intelligence artificielle",
recommandant
"d'encourager ceux qui créent, plutôt que d'abord mettre le couvercle sur une casserole qui n'a pas encore bouilli".

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