Kenya: tollé après des attaques contre la justice du président Ruto

17:364/01/2024, Perşembe
MAJ: 4/01/2024, Perşembe
AFP
Le président du Kenya William Ruto.
Crédit Photo : Bennett Raglin / GETTY IMAGES / AFP
Le président du Kenya William Ruto.

Le président kényan William Ruto a déclenché un tollé cette semaine au sein de l'institution judiciaire de ce pays d'Afrique de l'Est, jusqu'à la tête de la Cour suprême, en affirmant que certains de ses fonctionnaires, "corrompus", travaillaient à faire échouer ses réformes.

Après que plusieurs de ses réformes eurent essuyé des revers devant les tribunaux, qui ont notamment bloqué un vaste plan de privatisation, une réforme du système de santé et l'introduction de nouvelles taxes, le chef de l'État kényan a vivement dénoncé une
"tyrannie judiciaire"
, dans un discours mardi.

"Il n'est pas possible de respecter le système judiciaire (quand) quelques individus qui bénéficient de la corruption utilisent des fonctionnaires judiciaires corrompus pour bloquer nos projets"
, a déclaré William Ruto, qui a pris ses fonctions présidentielles en septembre 2022.

"Nous sommes une démocratie, nous respectons et nous protègerons l'indépendance du pouvoir judiciaire"
, mais
"ce que nous n'autoriserons pas, c'est une tyrannie judiciaire et l'impunité judiciaire"
, a-t-il ajouté.

La présidente de la Cour suprême Martha Koome a estimé que de telles déclarations menaçaient l'État de droit, dans une note à des magistrats, citée par des médias kényans, sans toutefois mentionner explicitement William Ruto:
"Lorsque l'État ou des fonctionnaires menacent de défier les ordonnances des tribunaux, l'État de droit est en péril, ouvrant la voie à l'anarchie"
, a-t-elle affirmé.

La Law Society of Kenya (association professionnelle d'avocats), a appelé à des manifestations la semaine prochaine.

Le vétéran de l'opposition Raila Odinga a jugé mercredi que William Ruto avait
"franchi une ligne"
et qualifié
"d'inacceptables"
ses propos.

L'économie du Kenya, locomotive de l'Afrique de l'Est, a été sérieusement ébranlée par le Covid, puis l'onde de choc de la guerre en Ukraine et une sécheresse historique dans la Corne de l'Afrique, avec pour résultat des caisses vides, une inflation galopante et une monnaie qui a plongé.

Face à ces difficultés et à rebours de ses promesses de campagne, M. Ruto a introduit de nouvelles taxes.


La Haute Cour de Nairobi a cependant suspendu l'an dernier une taxe controversée sur les salaires pour financer des logements ainsi qu'un projet de vente d'entreprises publiques. Le gouvernement a fait appel.


Raila Odinga, battu par William Ruto lors d'un scrutin présidentiel serré, n'a pas reconnu les résultats de l'élection et a saisi la Cour suprême.


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