Routes désertes, écoles et commerces fermés: la capitale guinéenne Conakry est à l'arrêt lundi pour le premier jour d'une grève générale illimitée qui a valeur de test pour l'armée au pouvoir depuis 2021.
L'appel lancé par les centrales syndicales des secteurs public, privé et informel du pays vise à obtenir la baisse des prix des denrées de première nécessité, la fin de la censure médiatique et la libération d'un syndicaliste de presse.
Cette mobilisation est lancée dans un climat de tension sociale grandissante et en l'absence de gouvernement, depuis que l'armée a annoncé contre toute attente sa dissolution il y a une semaine sans en donner les raisons, mais en ordonnant le gel des comptes bancaires de ses membres et la saisie de leurs passeports.
Le mot d'ordre a été suivi. Conakry ressemble à une ville morte lundi matin. Les routes, habituellement bondées, sont vides. Les banques, écoles, commerces sont fermées.
Un cadre d'un ministère qui a requis l'anonymat a déclaré:
Cette grève est la bienvenue, elle va obliger les autorités à comprendre qu'ils ne sont pas des Dieux sur terre.
Le général Doumbouya n'a pas pris la parole depuis le début de l'année 2024, malgré un contexte tendu et aggravé dans la capitale par une explosion et un incendie meurtriers dans le principal dépôt d'hydrocarbures du pays, qui a paralysé la Guinée plusieurs semaines.
Les militaires ont sévi récemment contre un certain nombre de médias en supprimant des chaînes de télévision des principaux bouquets de distribution et en brouillant des fréquences radio, provoquant des manifestations de colère, en particulier de journalistes.
Les autorités ont consenti, sous la pression internationale, à annoncer qu'elles allaient rendre la place à des civils élus d'ici à fin 2024, le temps, dit-elle, de mener de profondes réformes.