Face à la crise économique et à la dépréciation du cedi, les cacaoculteurs ghanéens se tournent vers la contrebande vers la Côte d'Ivoire pour survivre.
Passer clandestinement la frontière avec la Côte d'Ivoire pour vendre sa production de cacao à un meilleur prix: c'est la seule solution qu'a trouvée Isaac Antwi pour gagner correctement sa vie alors que ses coûts de production augmentent, notamment en raison de la dépréciation de la monnaie ghanéenne.
La crise économique ghanéenne: une pression insoutenable
Malgré la récente flambée des prix mondiaux du cacao et les efforts du gouvernement ghanéen pour stabiliser le secteur, de nombreux planteurs du deuxième producteur mondial se tournent vers le commerce illégal pour survivre.
Mais la dépréciation du cedi, la monnaie locale, qui a perdu plus de 20% de sa valeur par rapport au dollar américain cette année, a gravement affecté la rentabilité de la culture du cacao, malgré les prix internationaux élevés de la fève qui sert à fabriquer le chocolat.
Le cacao au Ghana: entre régulations et contrebande
Les coûts de production ont grimpé en flèche, les engrais et autres matériaux nécessaires à l'exploitation devenant de plus en plus chers.
Le secteur est très régulé au Ghana, où les planteurs de cacao sont obligés de vendre leur production au Ghana Cocoa Board (COCOBOD), un organisme public qui fixe les prix afin de protéger les agriculteurs de la volatilité du marché.
10% du PIB
Or, ces derniers se trouvent dans une situation de plus en plus précaire.
Dennis Nyameke, agriculteur de la région occidentale, explique les raisons économiques de la contrebande.
Les experts du secteur estiment que plus de 100.000 tonnes de fèves de cacao ont été introduites en contrebande en Côte d'Ivoire depuis l'année dernière.
Le secteur du cacao est confronté à de nombreux défis: l'exploitation minière illégale de l'or, connue localement sous le nom de Galamsey, est très répandue dans les zones rurales du Ghana, affectant l'approvisionnement en eau et empêchant les agriculteurs d'accéder à leurs terres.
Les revenus du cacao ont baissé de 500 millions de dollars au cours du premier trimestre 2024, d'après la Banque du Ghana.