France: Le ministre de l'Intérieur soutient les protestations de policiers

La rédaction
10:2628/07/2023, vendredi
MAJ: 28/07/2023, vendredi
AFP
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Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin lors de la réunion avec les syndicats français à l'hôtel Beauvau à Paris, le 27 juillet 2023. Crédit photo: BERTRAND GUAY / POOL / AFP
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin lors de la réunion avec les syndicats français à l'hôtel Beauvau à Paris, le 27 juillet 2023. Crédit photo: BERTRAND GUAY / POOL / AFP

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a affirmé qu'il allait "répéter" son "soutien" aux policiers avant d'en recevoir les syndicats en soirée, dans un contexte de fort mécontentement de ces fonctionnaires après l'incarcération d'un de leurs collègues accusé de violences.

Cela fait près d'une semaine que des policiers de Marseille, dans le sud-est de la France, sont entrés dans une phase de protestation, se mettant en arrêt-maladie pour certains ou en n'assurant plus que le service minimum pour d'autres. 


Le mouvement est difficilement quantifiable mais les organisations syndicales assurent qu'il prend de l'ampleur partout en France. Le ministre de l'Intérieur a affirmé que seuls
"5% des policiers"
y participaient.

Les policiers
"ont besoin d'avoir le soutien de leur ministre, ce que je suis venu répéter, et de leurs autorités hiérarchiques"
, a dit Darmanin à sa sortie d'un commissariat parisien, juste avant de recevoir les représentants des syndicats au ministère.

Ajoutant que la
"fatigue"
et la
"colère"
ne devaient pas leur faire
"oublier le sens"
de leur mission,
"au service de la population"
, il a affirmé:

Je comprends cette émotion, je comprends cette colère et je comprends cette tristesse.

"Les policiers ne réclament pas l'impunité. Ils réclament le respect"
, a-t-il déclaré, au terme d’une visite au chevet des policiers du XIXème arrondissement, précisant qu’ils
"ne réclament pas d'être au-dessus des lois"
mais
"réclament de ne pas être en dessous des lois"
.

"Ça ne peut pas être les seules personnes en France pour qui la présomption d'innocence ne compte pas"
, a plaidé le locataire de Beauvau affirmant que
"police et justice sont dans la même barque"
et qu’il
"n'y a pas à opposer les uns aux autres"
.

Un tir de LBD


La contestation est née après l'inculpation de quatre policiers pour violences en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique et l'incarcération de l'un d'entre eux.



Ils sont accusés d'avoir roué de coups Hedi, un homme de 22 ans dans le centre de Marseille, dans la nuit du 1er au 2 juillet.


Alors qu’il rentrait chez lui après avoir terminé le travail, le jeune homme a été violemment passé à tabac et visé pas un tir de flashball qu’il attribue à des policiers en civil. Laissé pour mort, il a pu être pris en charge à l’hôpital grâce à son ami présent sur place, et être ensuite opéré.


Son avocat, Me Jacques-Antoine Preziosi avait dénoncé les faits auprès de l'AFP:


Il a été tiré comme un lapin puis roué de coups.

Dans un entretien avec le média en ligne Konbini diffusé mercredi, il apparaît avec
"une partie du crâne en moins"
, raconte devoir marcher avec un casque et ne pas voir de l'œil gauche.


"Pistes de réflexion"


Après avoir rendu visite à ses troupes samedi, le patron de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, avait estimé qu'
"avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison, même s'il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail"

Ces déclarations, issues d'un entretien publié dimanche par le quotidien Le Parisien et qui avait reçu l'aval du cabinet du ministre, ont déclenché une forte indignation chez les magistrats et dans la classe politique, le Syndicat de la magistrature rappelant que
"la loi est la même pour tous"
.

"C'est un grand policier, un grand flic"
, a dit Darmanin de Veaux,
"je le soutiens totalement"
.

Le syndicat Unité SGP Police demande notamment la création d’un statut spécifique du policier inculpé, excluant la détention provisoire d’un agent agissant en mission. 



Darmanin a eu une réunion d'une heure avec les représentants syndicaux à l'issue de laquelle ces derniers ont indiqué que le ministre avait été
"plutôt à l'écoute"
et qu'il s'était
"engagé à avoir des pistes de réflexion sur la détention provisoire des policiers"

Une
"pas entendable"
pour Anthony Caillé (CGT-Intérieur-Police), interrogé jeudi matin sur Franceinfo qui a affirmé la gravité d'avoir une justice privilégiée pour les policiers dans
"une république, une démocratie":

Avoir une justice d'exception à l'endroit des policiers, ça n'est pas acceptable.

Interrogé lundi à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le président français Emmanuel Macron a dit quant à lui comprendre
"l'émotion"
des policiers, tout en rappelant que
"nul en République n'était au-dessus de la loi".

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