Paradoxalement, c'est le parti de l'indépendantiste Carles Puigdemont, Junts per Catalunya, qui a voté contre ce projet de loi controversé, en estimant qu'il ne garantissait pas l'application de cette amnistie à son chef de file, principale figure de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.
Mais il illustre la pression permanente à laquelle Junts soumet l'exécutif, privé de majorité sans le soutien de ses sept députés.
Face à un résultat qui semblait inattendu jusqu'à lundi, le ministre de la justice, Félix Bolaños, a jugé:
Incompréhensible que Junts ait voté contre une loi qu'elle a négociée.
Allié imprévisible, Junts a exigé mardi matin le vote par les socialistes de M. Sánchez d'amendements destinés à contrer l'offensive judiciaire de deux magistrats cherchant à empêcher l'application de cette mesure à Carles Puigdemont.
Si le Parlement finit par l'adopter à terme, ce texte doit permettre l'arrêt des poursuites judiciaires contre des centaines de militants et dirigeants séparatistes pour leur implication dans la tentative de sécession, dont M. Puigdemont, qui a fui en Belgique il y a plus de six ans afin d'échapper à ces poursuites.
Ces deux juges ont été accusés par la gauche d'avoir de claires arrières-pensées politiques pour avoir justement annoncé lundi, à la veille du vote, la prolongation de leur instruction pour six mois supplémentaires.
La première de ces enquêtes concerne la mystérieuse organisation "Tsunami Démocratique", à l'origine du blocage de l'aéroport de Barcelone en octobre 2019 pour protester contre la condamnation de dirigeants indépendantistes à la prison.
Déterminé à contourner cet amendement, ce juge a mis en avant, seulement deux jours plus tard dans son enquête, les blessures d'un policier en 2019, et donc une violation grave de ses droits.